Fribourg: 6e journée eucharistique avec le Père Nicolas Buttet

L’adoration du saint sacrement sauvera le monde

Fribourg, 12 mars 2012 (Apic) Plus de 400 fidèles ont participé à la 6e journée eucharistique à Fribourg, le 10 mars 2012, à l’Église des Cordeliers. Le Père Nicolas Buttet, modérateur de la fraternité Eucharistein, a rappelé que l’adoration du saint sacrement, premier devoir de l’homme envers Dieu, «peut sauver le monde».

Le beau temps, ce samedi 10 mars 2012, n’a pas retenu les 400 fidèles qui avaient fait le déplacement à l’église des Cordeliers. L’invité de cette édition 2012, sur le thème «Eucharistie et guérison», a tenu en haleine une foule composée d’enfants, de jeunes et d’adultes. S’inspirant d’anecdotes, d’expériences personnelles et surtout de nombreux auteurs spirituels et de saints – parmi lesquels Mère Térésa de Calcutta, Thérèse de l’Enfant-Jésus, Padre Pio, Sr Emmanuelle de Caire, Madeleine Delbrêl, Sr Fautine, Benoit XV, Paul Claudel… –, le Père Buttet a rappelé que l’adoration du saint sacrement est l’»arme» qui sauvera le monde de ses souffrances.

Mourir vivant

En introduction à ces deux conférences, le Père Nicolas Buttet a clarifié la confusion entre les notions de santé et de salut. En effet dans plusieurs langues, les deux notions s’expriment par le même terme. Et pourtant, le salut va au-delà de la santé. Selon le conférencier, dès le début du christianisme, les gens cherchaient le salut. Ils cherchaient à être sauvés. La question fondamentale n’est pas d’être en bonne santé ou malade, mais d’être avec Dieu. Avoir une vie qui donne sens à sa mort comme l’écrivait Stéphane, un jeune malade du sida, six mois avant son décès: «Je veux vivre vivant et rencontrer mon Dieu». Il veut être heureux d’avoir Dieu au cœur de sa maladie, de sa souffrance, de son épreuve, a commenté l’orateur. «Effectivement, c’est en ces moments que Dieu vient habiter nos souffrances de sa présence et leur donne sens. Dieu vient nous rejoindre dans ces mystérieuses fêlures ou blessures de nos cœurs. De sorte que l’épreuve ou la souffrance peut devenir le lieu d’une rencontre bouleversante».

«Dieu nous accroche, nous empoigne quand nous sommes vulnérables. Là même où l’homme peine. Il ne vient pas dans nos grands talents, compétences ou exploits», a-t-il affirmé. Dans les Écritures, la question n’est donc pas d’être en bonne santé ou pas, mais de vouloir vivre avec Dieu ou pas. Pour le modérateur de la fraternité Eucharistein, s’ouvrir au salut, c’est avoir un cœur qui sait écouter Dieu en toute liberté. Ainsi, être en extase, ce n’est pas s’élever à trois mètres du sol, en lévitation, mais c’est sortir de soi, s’oublier soi-même et se tourner vers la source de la vie, l’unique nécessaire: le Christ.

L’adoration, acte révolutionnaire par excellence

L’importance de l’adoration du saint sacrement peut être perçue sous différents aspects, a précisé le Père Buttet. D’un point de vue théologique, «devant les souffrances auxquelles nous faisons face – les jeunes en difficultés, les séparations dans les familles, les guerres et les violences de toutes sortes dans le monde… –, l’homme doit se tourner vers Dieu. Tant qu’il se détournera de Lui, il y aura des troubles dans le monde. Or cette adoration perpétuelle, Dieu le veut. Et ce temps le veut», a-t-il martelé.

Avec l’adoration, c’est Dieu qui est là et présent. Par l’adoration, on se détourne de la créature pour se tourner vers Dieu. Adorer, c’est reconnaître que tout est don de Dieu. Adorer, c’est proclamer que Dieu est la source de tout, que rien en dehors de Lui n’existe et n’a de sens.

En adorant Dieu, le croyant pose l’acte le plus révolutionnaire qui puisse exister dans le monde. Les révolutionnaires, ce ne sont pas Mao, Lénine, Che Guevara… Les véritables révolutionnaires sont ceux qui se mettent à genoux. Quand on se prosterne, on est libre parce que Dieu remet debout.

L’eucharistie guérit de l’orgueil et de l’égoïsme

Sous un aspect anthropologique, l’eucharistie guérit l’orgueil et l’égoïsme en l’homme. «Devant l’Eucharistie se pose la question: est-ce que je m’accueille ou m’accepte comme un don de Dieu? L’adoration est une école d’humilité et de liberté, où j’apprends ce langage du don». Or la joie vient du don. L’exemple du don par excellence, c’est Jésus qui se met au service de ses disciples le Jeudi-saint.

L’adoration est aussi une histoire de regard. Celui que l’on pose sur soi-même ou que les autres posent sur moi n’est pas toujours bienveillant. «Mais devant l’hostie, il y a un regard qui ne me dévisage pas. Je viens tel que je suis, je me laisse regarder par Dieu. Je viens avec ma misère, mes péchés. C’est le seul regard qui peut me sauver, me relever.

L’adoration, pour désarmer le monde

Nous vivons aujourd’hui dans un monde émotionnel où tout est dans le ressenti, dans la quête perpétuelle de sensations. Même devant le saint sacrement, on est dans cette même quête. «Ce n’est pas ma subjectivité qui détermine la présence du Christ, mais c’est sa Parole: Je suis là, même si tu n’es pas là. L’expérience de Dieu ne se fait pas dans la sensation, mais dans le spirituel, dans les vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité.

Sous un aspect politique, économique et cosmique, le prédicateur a affirmé que la perte de la foi dans la société vient de la perte de l’adoration eucharistique. Pour l’orateur, l’adoration est alors une réponse à cet appel du Christ. C’est l’»arme» du désarmement du monde. «Lors de l’adoration, Dieu nous refait. Il refait le cœur de l’homme. L’adoration apportera alors la paix dans les cœurs, les familles, et dans le monde», a-t-il conclu.

Encadré

Le Père Nicolas Buttet et la Fraternité Eucharistein

Le Père Nicolas Buttet est né en 1961. Juriste de formation et ancien député au Parlement cantonal valaisan, il a collaboré à Rome au Conseil pontifical Justice et Paix. En 1992, il se retire pendant cinq ans comme ermite à Notre-Dame du Scex, en Valais. En 1997, il fonde avec ses compagnons la Fraternité Eucharistein. Aujourd’hui, la Fraternité compte quatre maisons: Epinassey et Bourguillon, en Suisse, Château-Rima et St-Jeoire en France.

La vie de la Fraternité est centrée sur le Christ-Eucharistie dans son double aspect: Jésus reçu et adoré dans le Saint-Sacrement et Jésus reconnu et servi dans le frère et la sœur souffrants. C’est pourquoi la Fraternité accueille dans ses maisons des jeunes aux prises avec des problèmes de drogue, d’alcool ou de dépression, pour un temps de reconstruction personnelle. Elle permet en outre à plusieurs d’entre eux de vivre une année de réflexion, de service et de prière, après leur formation professionnelle.

Le Père Nicolas Buttet anime le Groupe Dorothée et Nicolas de Flüe et donne régulièrement des conférences. Il est l’inspirateur d’un centre d’études anthropologiques, l’institut Philanthropos à Bourguillon/Fribourg. Il a publié trois ouvrages sur le thème de l’Eucharistie: «Aimer et faire connaître l’amour», «Brûlé au soleil de Dieu» et «L’Eucharistie à l’école des saints». (apic/ea/ggc)

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