Espagne: Le théologien espagnol Andrés Torres Queiruga dans le collimateur des évêques
Madrid, 3 avril 2012 (Apic) Andrés Torres Queiruga, théologien espagnol de 72 ans, est dans le collimateur des évêques espagnols. La Commission pour la doctrine de la foi de la Conférence épiscopale espagnole vient en effet de publier une « note sur quelques œuvres du Prof. Andrés Torres Queiruga », dans laquelle elle met en cause ses vues dans ses ouvrages concernant la Révélation, le dialogue des religions et la Résurrection. Le prêtre espagnol se dit « surpris, scandalisé et triste ».
Les évêques espagnols reprochent au célèbre théologien, entre autres, de nier « le réalisme de la Résurrection de Jésus-Christ » et de « semer l’inquiétude parmi les fidèles ».
Le Père Andrés Torres Queiruga estime que les évêques viennent de le condamner « sans dialogue préalable sérieux ». Sur le site www.elmundo.es, le théologien se dit surpris « par l’insolite de la procédure ». Il se dit scandalisé par les critiques émises contre son œuvre, qui « passeraient avec grande difficulté un examen sérieux de théologie ». Et triste pour « le coup très dur » que ce cas porte à la « crédibilité de l’Eglise ».
La Commission épiscopale pour la doctrine de la foi, présidée par l’archevêque de Grenade, Mgr Javier Martinez, estime que les vues du Prof. Andrés Torres Queiruga ne sont « pas toujours compatibles avec l’interprétation authentique qu’a donnée l’Eglise à la Parole de Dieu écrite et transmise ». La Commission relève que la Conférence épiscopale espagnole a reçu en diverses occasions des demandes « sur la conformité des écrits du Prof. Rvd. D. Andrés Torres Queiruga avec les enseignements de l’Eglise catholique ».
La Commission affirme avoir « maintenu un dialogue soutenu avec l’auteur incriminé, après quoi elle a considéré nécessaire d’offrir une clarification sur sa pensée théologique ». Elle se réfère à quelques uns de ses ouvrages consacrés à la Révélation, au dialogue des religions et à la Résurrection.
La Commission épiscopale pour la doctrine de la foi salue les efforts louables du théologien pour présenter de manière compréhensible pour l’homme d’aujourd’hui en quoi consiste l’expérience dont parle l’annonce du Christ et l’expression des formulations de la foi. Ils relèvent aussi son effort pour présenter « une image de Dieu, qui, au lieu de susciter la peur, permet de le reconnaître comme tout amour, et une image du christianisme qui lui permet de ne pas être exclu du dialogue culturel et religieux ».
Si ces efforts sont louables, ils devraient toujours se développer « sans réduire la foi chrétienne aux catégories de la culture dominante qui pourraient éliminer ou obscurcir la nouveauté introduite par l’Incarnation du Fils de Dieu ». Les évêques espagnols estiment qu’il est nécessaire de proclamer la foi de l’Eglise « selon l’interprétation constante que celle-ci a maintenue ». Ils expliquent les éléments de la foi qui subissent une « distorsion » dans les écrits du professeur Torres Queiruga, en soulignant par exemple « le réalisme de la Résurrection de Jésus-Christ, en tant qu’événement historique (miraculeux) et transcendant ».
Docteur en théologie de l’Université Grégorienne de Rome, le professeur galicien, qui vit à Saint-Jacques-de-Compostelle, relève que les critères herméneutiques utilisés par la Commission ne permettraient même pas aux livres du pape Benoît XVI sur Jésus de Nazareth de passer le filtre. Il relève également qu’il est faux de dire que la Commission a maintenu un dialogue soutenu avec l’auteur.
« La seule chose que j’ai eue est uniquement une rencontre, certes cordiale, mais sans les conditions minimales d’étude préalable et du temps nécessaire pour une élucidation théologique, comme je l’avais demandé au président de la Commission ». Le seul théologien qui a assisté à l’entretien, « nommé d’un commun accord, a reconnu expressément la légitimité théologique de mes ouvrages ». Et par-dessus tout, ajoute le théologien condamné, la vue de la Commission ne représente pas la totalité des opinions de l’épiscopat espagnol – la majorité des évêques ne partage pas « la dérive excessivement étroite et dogmatique » de la Commission -, et encore moins celle des théologiens.
« L’esprit de l’Evangile est une autre chose, une bonne nouvelle et de la créativité, face à l’intransigeance et à l’immobilisme ». Le Prof. Torres Queiruga considère qu’ecclésialement, ce qui s’est passé est un « petit désastre ». (apic/mundo/be)
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