Polémique autour du documentaire «La guerre perdue du Vatican»

Suisse: Un film lance une attaque en règle contre l’Eglise catholique

Genève, 19 avril 2012 (Apic) Après avoir suscité une vive polémique lors de sa diffusion sur la télévision française durant la Semaine Sainte, le documentaire «La guerre perdue du Vatican» sera diffusé sur les ondes de RTS deux, dimanche 22 avril 2012, dans le cadre de l’émission ’Histoire Vivante’. Le Comité français de radio et télévision (CFRT), organisme responsable du «Jour du Seigneur», qui a apporté sa contribution à la réalisation du documentaire se désolidarise «de cette entreprise de sape».

La thèse très orientée du réalisateur du documentaire Patrick Benquet a provoqué la colère d’une bonne partie de l’Eglise en France. L’orientation du film «La Guerre perdue du Vatican» figure dans le titre. «Cette enquête se termine par l’image d’une Eglise dans la tempête, assiégée par ses contestataires, frappée au coeur par le scandale de la pédophilie et qui cherche à survivre en se barricadant derrière les hautes murailles d’une tradition, rejetée par la société contemporaine», affirme le texte de présentation de l’auteur.

La colère et l’embarras sont évidents auprès du CFRT, responsable du «Jour du Seigneur», qui a apporté sa contribution à la réalisation du film. Le Père Philippe Jeannin, dominicain et producteur du CFRT, souligne que le Comité n’est en rien complice de «cette attaque en règle contre l’Église catholique, mais en quelque sorte victime du documentaire qu’il a effectivement coproduit.»

«Pour le documentaire en question, nous avons été invités par France Télévisions, notre diffuseur pour ’Le Jour du Seigneur’, à coproduire un documentaire sur Vatican II déjà confié à une productrice (Alegria). Le réalisateur avait indiqué, dans sa note d’intention, ’adhérer au projet pour comprendre, vu de l’intérieur, ce que Vatican II a fait avancer au sein de l’Église et des fidèles’ et sa note d’intention – qui se terminait par : ’L’esprit de Vatican II n’est pas mort’ – nous a alors mis en confiance et ne laissait nullement paraître ni imaginer le résultat final du documentaire.»

Conscients d’avoir été trompés

«Ce n’est qu’à la fin du montage, lors des séances de visionnage, que nous nous sommes rendus compte que le documentaire avait pris l’orientation qu’on lui connaît aujourd’hui et s’était écarté de la note initiale. Nous avons réagi mais, n’étant pas le producteur du film, les avis du CFRT n’ont pas tous été pris en considération. Le titre, quant à lui, a été imposé par la chaîne malgré notre refus. Nous sommes conscients d’avoir été trompés mais aussi qu’il y a eu dysfonctionnement et manque de vigilance et de réactivité du CFRT de la part de la personne en charge des coproductions. Aussi, nous prenons actuellement toutes les dispositions pour que cela ne se reproduise plus.»

Mgr Hyppolite Simon, évêque de Clermont-Ferrand et vice-président de la Conférence épiscopal n’a pas de mots assez durs pour dénoncer une «parfaite leçon de désinformation». Dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien «La Croix», le prélat met en garde contre un journalisme «sinon mal intentionné du moins terriblement partial» qui aboutit à une «caricature». Pour illustrer sa thèse, le film s’ouvre sur une célébration présidée par l’abbé Laguérie, ancien disciple de Mgr Lefebvre – qui fut un des leaders de l’opposition conciliaire – aujourd’hui rallié à Rome, et se clôt sur une vision d’apocalypse: un enchevêtrement de chaises vides entassées par le vent d’orage, dans la nuit des JMJ, à Madrid, au mois d’août 2011.

Le film donne certes la parole à quelques témoins et commentateurs du Concile : le cardinal Roger Etchegaray, Mgr Georges Gilson et Mgr Albert Rouet. Mais de toute évidence, leurs témoignages «ont été divisés, coupés en tranches et chaque élément s’est retrouvé placé dans une perspective globale qui est la vision du documentariste et non celle des témoins. Pour fréquente qu’elle soit, cette procédure est-elle admissible ?» «En un mot comme en cent, on ne peut pas laisser résumer l’héritage de Vatican II par cette caricature de bilan», conclut Mgr Simon. (apic/mp)

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