Indonésie: Condamné à 30 mois de prison ferme pour athéisme

Le débat sur la liberté religieuse relancé

Sumatra, 28 juin 2012 (Apic) Un tribunal de la province de Sumatra-Ouest, en Indonésie a condamné à mi-juin Alexander Aan, 32 ans, à 30 mois de prison ferme et 100 millions de roupies (8 400 euros) d’amende. Le jeune homme, fonctionnaire de son état, a été reconnu coupable de s’être publiquement déclaré athée et d’avoir ainsi « incité à la haine religieuse ». Emprisonné, il a fait appel de ce jugement de première instance.

L’affaire, rapporté par l’agence d’information des Missions étrangère de Paris, Eglises d’Asie , pose la question de la place de la religion dans l’espace public en Indonésie, au moment où les pouvoirs publics assouplissent l’obligation faite à chacun d’indiquer sur sa carte d’identité son appartenance religieuse.

Membre de la minorité ethnique des Minang , Alexander Aan avait ouvert un compte Facebook intitulé Ateis Minang (›Minang athée’) où il avait posté des commentaires tels que « Dieu n’existe pas » ainsi que des caricatures du prophète Mahomet. Plusieurs milliers d’internautes avaient cliqué sur le bouton ›J’aime’ de sa page Facebook. D’autres personnes, au nom de la défense de l’islam, s’en étaient pris à lui physiquement et l’avaient passé à tabac, action qui avait entraîné son interpellation par la police qui l’avait ensuite inculpé de blasphème, d’incitation à la haine et de propagation de l’athéisme.

Le président du tribunal de Sijunjung, à Sumatra-Ouest s’est appuyée sur loi de 2008 sur l’information et les communications électroniques afin de condamner Alexander Aan pour  » incitation à la haine religieuse ». Ce jugement a soulevé d’intenses débats dans le pays

Selon Human Rights Watch, la peine infligée à Alexander Aan doit être mise en regard des quelques mois de prison auxquels ont été condamnés l’an dernier des extrémistes musulmans reconnus coupables du lynchage à mort de trois Ahmadis, groupe religieux tenu pour non orthodoxe.

Depuis la chute de Suharto et les réformes démocratiques, des voix se sont élevées pour demander l’abolition de la mention obligatoire de la religion sur les cartes d’identité, mais aucune mesure n’a encore été prise en ce sens. En mai 2012 néanmoins, le ministère de l’Intérieur laissé la possibilité aux Indonésiens qui ne se reconnaissent pas dans les six religions officiellement reconnues, la possibilité de ne pas inscrire d’appartenance religieuse sur les nouvelles cartes d’identité électroniques. (apic/eda/mp)

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