Lobby Enfants Suisse cherche des alliés en vue d’une interdiction
Berne, 22 juillet 2012 (Apic) La controverse sur la suspension de la circoncision des garçons à l’Hôpital pédiatrique de Zürich et le jugement fin juin d’un tribunal à Cologne ont été largement commentés, et souvent condamnés, dans la presse dominicale. L’association Lobby Enfants Suisse cherche des alliés. Lors de sa session d’automne, elle lancera une offensive en vue d’interdire la circoncision des garçons pour motifs religieux en Suisse, annonce la « Sonntagszeitung ».
« Le thème se trouve depuis longtemps chez nous à l’ordre du jour », affirme le président Daniel Goldberg. Selon lui, les droits des enfants sont à prendre bien davantage en considération que la liberté religieuse.
Le conseiller d’Etat bâlois Carlo Conti, président de la Conférence des directeurs de la santé (CDS), a souligné dans le même journal: « Jusqu’à présent il n’a jamais été question en Suisse de considérer la circoncision comme une atteinte à l’intégrité personnelle des garçons. » Mais maintenant la CDS devra y réfléchir. Carlo Conti relève cependant un problème en cas d’interdiction. La frontière entre circoncision pour motifs médicaux et pour motifs religieux est souvent difficile à cerner. Et une loi la rendrait « encore plus difficile ».
Le président de la commission nationale d’éthique dans le domaine de la médecine humaine (CNE), Otfried Höffe, rappelle dans la « Sonntagszeitung » la haute importance culturelle de la circoncision. Cette pratique constitue « un rituel, qui relie un groupe religieux déterminé et qui est même considéré par les juifs comme une marque d’identité ». En raison de cette importance, une loi ne pourrait que se limiter à exiger deux conditions pour réaliser une circoncision: qu’elle soit accomplie sans douleurs, et de façon appropriée. On pourrait également attendre des communautés religieuses qu’elles se demandent sérieusement si la circoncision ne pourrait pas se dérouler plus tard dans la vie, et avec le consentement du concerné. Même en Israël il existe des opposants à ce rituel traditionnel.
Markus Bittel, médecin chef en chirurgie pédiatrique à la clinique Wildermeth du Centre hospitalier de Bienne, plaide pour une circoncision dans un cadre approprié, et se prononce donc contre une mesure d’interdiction. « Il est important, en faveur des enfants, de pouvoir continuer à accomplir les circoncisions dans les maisons de santé », affirme-t-il dans la « Sonntagszeitung ».
La circoncision n’empêche pas les garçons concernés de se prononcer plus tard sur leur appartenance religieuse, affirme l’ancien juge fédéral Giusep Nay. C’est pourquoi elle ne constitue pas une atteinte à la liberté religieuse, même si on ne décide pas soi-même de l’accomplir. Par contre, la liberté d’éducation des parents serait limitée de façon inadmissible s’ils ne peuvent pas accomplir la circoncision chez leur garçon conformément à leur croyance. Les chrétiens marque leurs enfants du baptême en l’imprégnant d’un signe de croix indélébile, ajoute Giusep Nay. « Et même si la circoncision laisse une trace visible, elle n’est pas différente du baptême chrétien car elle est souvent aussi pratiquée pour des motifs médicaux ».
Le jugement rendu fin juin à Cologne, interdisant la circoncision accomplie pour motifs religieux, est considéré par Giusep Ney comme « une limitation inadmissible de la liberté religieuse des parents » qui « ne va pas faire école » si l’on réfléchit de façon juste « à l’importance de l’éducation religieuse et des rituels de la circoncision et du baptême pour la transmission de la foi ».
La présidente de la Commission fédérale contre le racisme, Martine Brunschwig Graf, a affirmé dans la « NZZ am Sonntag »: « De mon point de vue, la situation légale en Suisse est claire. La circoncision des garçons n’est pas punissable. Le parlement l’a confirmé l’an dernier ». Dans ce sens, la décision de l’Hôpital pédiatrique de Zürich de suspendre les circoncisions qui ne sont pas motivées par des raisons médicales est logiquement incompréhensible.
Après la suspension jusqu’à nouvel ordre des circoncisions rituelles à l’hôpital pédiatrique de Zürich, celui de St-Gall réfléchit à son tour à un moratoire. En Suisse romande, le CHUV à Lausanne considère au contraire que ces interventions ne posent pas problème. (apic/ag/gs/bb)
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