La diaconie vise une conversion de l’être tournée vers l’amour
St-Aubin, 23 septembre 2012 (Apic) La fête de la diaconie était à l’honneur dans le canton de Fribourg ce 23 septembre. À St-Aubin, dans l’Unité pastorale Notre-Dame de Tours dans la Broye, Anne-Marie Villemain, nouvelle agent pastorale, a rappelé aux fidèles que la diaconie vise une conversion de l’être tournée vers l’amour, et ne se limite pas à des actions caritatives.
L’idée d’une « fête de la diaconie » fait suite au forum du diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg qui s’est tenu le 29 mai 2010 à Neuchâtel et qui avait pour thème « Diocèse, qu’as-tu fait de ta diaconie? ». Mgr Bernard Genoud a institué alors le dimanche de la Saint Vincent de Paul comme « fête de la diaconie ». Son successeur, Mgr Charles Morerod, a souhaité que ce projet se concrétise. C’est ainsi que dans le canton de Fribourg, le vicariat épiscopal et le dicastère « Solidarité » ont invité les paroisses, les Unités pastorales (UP), les missions linguistiques et les dicastères à souligner plus particulièrement l’importance de vivre la diaconie en Église lors des célébrations de ce dimanche 23 septembre 2012.
Cet appel a été accueilli favorablement par l’UP Notre-Dame de Tours. Ainsi ce week-end du 22-23 septembre, de Carignan à Avenches, en passant par St-Aubin et Notre-Dame de Tours, Anne-Marie Villemain, nouvelle assistante pastorale, a porté aux fidèles un message qui rappelle les fondamentaux de la diaconie. À St-Aubin, le doyen du décanat de la Broye, l’abbé Bernard Allaz, dans son mot d’accueil, a affirmé, aux participants à la messe dominicale, l’importance dans la vie du croyant de soigner le service aux plus pauvres, aux plus faibles et aux défavorisés. Pour le curé modérateur de l’UP Notre-Dame de Tours, « la diaconie constitue ainsi une dimension essentielle de notre vie de foi ».
Commentant la première encyclique de Benoît XVI en 2006, « Deus Caritas est » (Dieu est amour), Anne-Marie Villemain rappelle pour sa part la nature profonde de l’Église qui s’articule autour de trois tâches: l’annonce de la Parole, la célébration des sacrements et le service de la charité. Ces trois tâches du baptisé sont cimentées par l’amour. Un « amour désintéressé qui recherche le bonheur de l’autre, celui qui, comme le disait l’abbé Pierre, conjugue le ’tu’ avant de conjuguer le ’je’ », précise cette médecin en radiologie. Pour elle, vivre la diaconie, c’est toucher la pauvreté elle-même, c’est-à-dire toucher Jésus souffrant. C’est aussi vivre un message du Jésus serviteur, le Jésus du lavement des pieds.
Selon la théologienne, « la diaconie ne concerne pas des spécialistes de l’associatif ou de l’humanitaire: elle concerne vous et moi ». Comme le rappelait Mgr Genoud, la diaconie ne se limite pas à une dimension caritative ou solidaire. Ce n’est pas un devoir à remplir. Elle n’est pas extérieure à la vie du baptisé. Elle se situe dans son « être avec le Christ ». La diaconie, c’est s’agenouiller devant l’autre, le regarder et l’aimer. Il n’est pas question d’aller vers l’autre en professeur ou en soignant: « Je ne vais pas aider mon frère parce que je suis plus élevée que lui par mon instruction, mon argent ou ma classe sociale », ajoute Anne-Marie Villemain.
Pour étayer cette posture de l’être tourné vers la diaconie, elle raconte à l’assistance ce qu’elle a vécu il y a une semaine avec les confirmands. « Nous avons rencontré une femme d’origine ougandaise, avocate à Berne qui a recueilli en Afrique des enfants orphelins vivant seuls dans les immondices d’un bidonville. En l’écoutant raconter comment elle avait commencé par enlever un à un les vers, les parasites, que ces enfants avaient sous les pieds et qui les empêchaient de marcher, j’ai vu Jésus agenouillé auprès des enfants », partage-t-elle. « Bien sûr, nous ne sommes pas tous appelés dans les bidonvilles, poursuit-elle. Mais il y a différentes formes de pauvreté ici en Suisse. » De la personne seule du voisinage, au malade qui attend une visite, en passant par cette personne riche de biens matériels, mais seule, ou encore ce collègue insupportable en quête de reconnaissance et qui s’invente une vie de superman… autant de pauvretés devant lesquelles « je suis appelée: non pas à faire des choses parce que je suis une bonne chrétienne ou un bon chrétien, mais je suis simplement appelée à être transparente à l’Amour jusqu’à dire, comme Saint Paul: ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi », affirme-t-elle. Alors la diaconie serait un miroir dans lequel tout être humain, même le plus cabossé, se verra aimable et aimé. Et c’est là que la diaconie rejoint la Parole, un Dieu qui n’est plus inaccessible dans les nuages, mais qui s’offre à toute l’humanité sans exception.
Enfin, Anne-Marie Villemain affirme que la diaconie ne se vit pas seul dans son coin : elle convertit le croyant, mais aussi la communauté : « c’est ce que l’Église nous propose de vivre ensemble dans les mois qui viennent et c’est ce que je me réjouis de vivre avec vous » conclu-t-elle.
Note: Pour poursuivre la réflexion, Anne-Marie Villemain propose d’approfondir l’enseignement du Jésus-Serviteur par une rencontre mensuelle, sous forme de Lectio Divina, autour de textes évangéliques en rapport avec ce thème de la Diaconie. Informations: Anne-Marie Villemain, rue Centrale 29, 1776 Montagny-la-Ville, Tél. 026 660 40 25.
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