Kazakhstan: Les scientologues pas reconnus par l’Agence pour les questions religieuses

Devront-ils cesser leurs activités dans le pays ?

Astana, 26 octobre 2012 (Apic) L’Agence pour les questions religieuses du Kazakhstan (ARA) n’a pas donné de reconnaissance officielle à la secte de scientologie, appelée dans ce pays d’Asie centrale «Association républicaine des scientologues». Cette association se verra par conséquent refuser le réenregistrement nécessaire pour les organisations religieuses, en vertu de la nouvelle loi sur les religions, selon Marat Azilkhanov, président adjoint de l’ARA.

«Ils ont remis des documents fondateurs pour le réenregistrement. Les spécialistes de l’Agence ont conclu que cette organisation n’était pas une organisation religieuse», a déclaré Marat Azilkhanov le 25 octobre 2012 à l’agence de presse russe Interfax.

Une décision du Ministère de la Justice

L’avis des experts a été présenté au Ministère de la Justice du Kazakhstan, qui rendra une décision finale concernant le réenregistrement exigé par la loi. En cas de réponse négative, la police fera appel aux tribunaux pour faire cesser les activités de l’organisation au Kazakhstan, précise Marat Azilkhanov.

Le président adjoint de l’ARA souligne qu’il faut des raisons fondées pour interdire une organisation, comme par exemple la propagation d’idées extrémistes, ce qui ne semble pas être le cas des scientologues. Certaines organisations religieuses non traditionnelles ont été réenregistrées au Kazakhstan, relève Marat Azilkhanov.

Les islamistes dans le collimateur

La nouvelle loi sur les religions a pour but premier de restreindre les activités des mouvements islamistes, devenus très actifs. La principale menace était constituée par le «Hizb ut-Tahrir», un mouvement clandestin qui réclame la création d’un califat en Asie centrale, mais, depuis 2011, un nouveau groupe paraît encore plus menaçant, le «Jund al-Khilafah» (»Les soldats du califat»). Les islamistes ont commis une série d’attentats dans le pays ces dernières années.

L’ ONG chrétienne «Portes Ouvertes», une organisation internationale qui vient en aide aux chrétiens persécutés à cause de leur foi partout dans le monde, rappelle qu’en septembre 2011, deux lois ont été adoptées par le Parlement du Kazakhstan. «Elles restreignent gravement les droits des minorités religieuses». Ces lois sur «les activités et les associations religieuses» sont entrées en vigueur en octobre 2011. «Aucun débat public n’a eu lieu concernant ces lois et le gouvernement a ignoré tous les avertissements venus de l’extérieur, y compris ceux de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), dont le Kazakhstan fait partie».

Des communautés chrétiennes également visées

Ces lois étaient déjà en cours d’élaboration avant que le Kazakhstan n’assure la présidence tournante de l’OSCE, en 2010. «Leur mise en place a été suspendue tant que le Kazakhstan était sous le feu des projecteurs internationaux». Ces nouvelles lois, qui ont pour but premier de contrôler les activités des islamistes, portent aussi atteinte à des communautés chrétiennes. Toutes les communautés religieuses (même celles qui avaient auparavant un statut officiel) doivent ainsi se faire réenregistrer auprès des autorités. Il s’agit d’un obstacle infranchissable pour plusieurs petites églises, note «Portes Ouvertes».

D’un côté, le système de réenregistrement est très compliqué, et le processus est bureaucratique et intimidant. De l’autre, l’activité religieuse non enregistrée est interdite.

«Diriger, participer ou financer des groupes religieux non enregistrés est une infraction. Cela a un grand impact sur des dénominations qui refusent de s’inscrire (comme le Conseil des Eglises baptistes), et sur les communautés qui ne répondent pas à toutes les exigences de la nouvelle procédure d’inscription. Les nouveaux amendements à la loi vont imposer des peines sévères à ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans de tels groupes. Pour l’instant, les dénominations historiques comme l’Eglise orthodoxe russe ne semblent pas être visées».

Ainsi, la vie religieuse dans le pays est désormais restreinte sous de multiples aspects. Tous les livres et autres médias religieux sont soumis à la censure. La création de nouveaux lieux de culte requiert l’approbation des autorités locales et nationales. Les fondateurs de communautés religieuses doivent être obligatoirement des citoyens kazakhs. Les activités pour la jeunesse vont certainement devenir de plus en plus problématiques à organiser, relève encore «Portes Ouvertes». (apic/interfax/po/be)

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