Leur patronyme leur joue des tours
Bornéo, 22 décembre 2012 (Apic) Les chrétiens aborigènes de Malaisie, en raison de leur patronyme, sont systématiquement enregistrés comme musulmans sur leur carte d’identité, a rapporté le 21 décembre 2012 Eglises d’Asie (EDA), l’agence d’information des Missions étrangères de Paris.
Depuis 1999 en Malaisie, la carte d’identité nationale, le passeport et le permis de conduire ont été progressivement remplacés par une carte d’identité « universelle », la « MyKad », établie sur des données biométriques.
Tout citoyen âgé de plus de 12 ans doit aujourd’hui posséder sa « MyKad ». Elle contient de multiples informations: la date et le lieu de naissance, le sexe, le nom des parents, l’origine ethnique, la religion, une photo et les empreintes digitales. Des données confidentielles concernant la santé y sont enregistrées. Elle permet aussi de réaliser des opérations bancaires et d’avoir accès à diverses télé-procédures administratives. L’ensemble des données sont mises à jour par le « National Registration Department » (NRD).
Or, la « MyKad » est l’objet de nombreuses critiques depuis sa mise en place. Parmi les dysfonctionnements épinglés par la presse malaisienne figure la question des chrétiens aborigènes de Sabah, situé au Nord de l’île de Bornéo (deuxième territoire de Malaisie par sa superficie, il est l’un de ceux comptant le plus de chrétiens). Ils sont enregistrés systématiquement comme musulmans.
Trois chrétiennes aborigènes de Pulau Banggi, ne peuvent obtenir, depuis deux ans, que soit retirée de leur « MyKad » la mention d’appartenance à l’islam, attribuée par erreur.
Leur cas est loin d’être isolé. Tous les chrétiens autochtones de l’Etat de Sabah ont été enregistrés comme musulmans, en raison de leur patronyme.
Les trois femmes ont été baptisées au sein de l’Eglise protestante « Sidang Injil Borneo » (SIB), la plus importante communauté protestante indigène de Sabah. Elles sont des « Bumiputra » (« fils de la terre »), des habitants autochtones que le gouvernement assimile aux Malais, les considérant donc comme musulmans (selon la Constitution malaisienne, est défini comme ’Malais’ « toute personne qui professe l’islam, parle la langue malaise, et suis la coutume malaise », article 160).
Tant que leurs patronymes comportent les termes ’bin’ (« fils de ») et ’binti’ (« fille de »), il s’agira pour le NRD de preuves de leur appartenance à l’islam. Cette confusion entre la pratique de la langue arabe et l’islam est récurrente au sein de l’administration malaisienne. La polémique qui dure depuis des années sur l’utilisation du mot ’Allah’ par des non-musulmans en témoigne.
Dans une déclaration adressée au ministère fédéral de l’Intérieur fin novembre, le regroupement multiconfessionnel « Malaysian Consultative Council of Buddhism, Christianity, Hinduism, Sikhism and Taoism » (CCBCHST) pressait les autorités de Malaisie de convaincre le NRD de corriger ses erreurs, sans que les victimes soient forcées de passer devant le tribunal islamique. Il invitait aussi à reconnaître officiellement que les termes ›bin’ et ›binti’ étaient utilisés par les chrétiens comme les musulmans, sans connotation à caractère religieux.
Le 12 décembre, le gouvernement donnait « officiellement son feu vert » au NRD pour qu’il corrige les erreurs des « MyKad », sans accord préalable du tribunal islamique.
Cette déclaration était accueillie avec soulagement par la « Christian Fellowship Commission ». « C’est un pas dans la bonne direction pour que dorénavant il n’y ait plus de confusion entre le statut de ’Bumiputra’ et celui d’une religion à Sabah », avait déclaré Datuk Jerry Dusing, président de la NECF-COSA le 16 décembre. (apic/eda/ggc)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/leur-patronyme-leur-joue-des-tours/