Koweït: Des islamistes s’attaquent à la fête de Noël, les libéraux s’indignent

Salafistes et Frères musulmans gagnent de l’influence dans l’Emirat

Koweït City, 24 décembre 2012 (Apic) Des fondamentalistes islamiques, notamment des salafistes et des Frères musulmans, ont une nouvelle fois fait pression pour interdire aux chrétiens de fêter Noël dans l’Emirat. Des associations libérales du Koweït ont dénoncé cette « insulte à la chrétienté et aux chrétiens ».

Neuf associations libérales ont « rejeté avec force » la revendication des intégristes islamiques qui assurent que cette fête est interdite par les préceptes islamiques, rapporte le 23 décembre le quotidien koweitien « Al-Jarida ». Elles estiment que cet appel est une incitation à la haine, acte considéré comme criminel du point de vue du droit international.

Dans ce pays de 3,8 millions d’habitants, les Koweïtiens de souche sont minoritaires. Le gros de la population est formé de travailleurs immigrés, en majorité en provenance d’Inde, des Philippines, d’Egypte, du Liban et des pays occidentaux. Près de 650’000 d’entre eux sont des chrétiens, soit quelque 17% de la population de l’Emirat.

Liberté religieuse restreinte malgré la Constitution

Il est fréquent que des groupes radicaux musulmans lancent des « fatwas » (décrets religieux) appelant à l’interdiction des fêtes de Noël au Koweït. Si les autorités de l’Emirat n’interdisent pas la célébration de la Nativité, les cérémonies ne peuvent se dérouler en public, mais à l’intérieur de la dizaine d’églises du pays. Les célébrations de Noël ont lieu principalement dans le complexe chrétien de la capitale Koweït City.

La Constitution prévoit la liberté de religion au Koweït, mais impose certaines limites à la pratique religieuse. Le fait de parler de la foi chrétienne à un musulman est strictement prohibé. Et il est difficile, voire impossible, d’obtenir l’autorisation légale pour ériger de nouveaux lieux de culte.

A part l’islam, pas d’enseignement des autres religions à l’école

Créée en 2004 à Venise, avec l’appui du cardinal Angelo Scola, la Fondation « Oasis », qui a pour but de promouvoir la connaissance réciproque et la rencontre entre le monde occidental et le monde musulman, relève qu’au Koweït les catholiques voudraient que leur religion soit enseignée à leurs enfants à l’école, comme c’est le cas pour l’enseignement de la religion islamique pour les jeunes musulmans.

« Mais cela n’est pas possible, ni dans les écoles chrétiennes ni dans les lycées étrangers: quand les musulmans suivent leurs leçons de religion, les autres étudiants participent à des leçons de ›valeurs’. N’importe quel enseignement religieux non islamique est rigoureusement interdit hors de l’église: une violation de cette loi conduirait à la fermeture immédiate de l’école ».

La Fondation « Oasis » relève que l’Eglise ne peut pas avoir de propriétés, sans parler des limitations à l’importation de matériel religieux (livres et publications, images sacrées, etc.). Elle mentionne des problèmes avec les visas des prêtres et une longue liste de difficultés bureaucratiques « qui ne sont pas assez dramatiques pour que les médias en parlent ».

Peine de mort pour le musulman qui se convertit au christianisme

Ces obstacles constituent toutefois autant d’obstacles réels pour la vie et l’action pastorale de tous les jours. De plus, il n’est pas possible de prêcher l’Evangile à qui n’est pas un étranger non musulman. Certainement, les églises sont ouvertes et tout un chacun peut entrer et écouter. « Mais comme dans les autres pays de la région, poursuit la Fondation ›Oasis’, le musulman qui se convertirait au christianisme serait condamné à la peine de mort ».

« Si un musulman se rend dans une église et demande à devenir chrétien, la réponse qu’il reçoit est: ›Nous devons respecter les lois de l’Etat, et donc nous ne pouvons pas t’accueillir, à moins que tu ne puisses partir vivre dans un autre pays’ ». La Constitution du Koweït établit que l’islam est la religion d’Etat et que la chari’a (droit islamique) est la principale source législative du pays.

Le gouvernement koweïtien vient d’adopter un amendement du code pénal permettant aux juges d’infliger la peine de mort à celui qui commettrait un blasphème en offensant Dieu, le Coran, ou le prophète Mahomet. (apic/orj/com/be)

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