Rome: Le cardinal Canizares critique la « créativité sauvage » post-Vatican II
Rome, 16 janvier 2013 (Apic) Après le Concile Vatican II (1962-1965), la « créativité sauvage » de certaines expériences liturgiques a « exaspéré » une partie de l’Eglise, a estimé le 15 janvier 2013 le cardinal espagnol Antonio Maria Canizares. Selon le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, ces expériences ont mené à la rupture entre Rome et la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX).
Lorsque la constitution conciliaire « Sacrosanctum Concilium », sur la réforme liturgique, fut approuvée en décembre 1963, certains firent des « expériences d’une créativité sauvage peu respectueuse de l’esprit du concile », a affirmé le cardinal Canizares. Il a fait ces déclarations au terme d’un cycle de rencontres sur Vatican II proposé par l’ambassade d’Espagne auprès du Saint-Siège.
Le haut prélat a regretté que de tels excès aient menés à la rupture avec une partie de l’Eglise. Aux yeux du prélat, cette « mauvaise interprétation » du texte conciliaire a « exaspéré » certains et provoqué la séparation provoquée par Mgr Lefebvre en 1988 avec l’ordination de quatre évêques sans mandat pontifical.
A l’époque du Concile Vatican II, le « changement était un mot magique », a expliqué Mgr Canizares. Il souligne pourtant que le « renouveau liturgique doit s’inscrire dans la continuité », sans quoi on court le risque de faire de la réforme une « caricature ».
Le Concile n’offrait pas tant des « changements » qu’une « vision de la liturgie en continuité avec toute la tradition de l’Eglise et la réflexion théologique menée sur ce sujet », a poursuivi le cardinal. Selon lui, « les changements sont la conséquence de cette réflexion théologique à l’intérieur de la tradition ». Il se produit dans « la suite du mouvement liturgique » initié en France au XIXe siècle par Dom Prosper Guéranger (1805-1875). Ce dernier avait à cœur d’approfondir la liturgie pour en extraire la substance, afin de la faire connaître et aimer, a relevé le prélat.
« Même les membres de la FSSPX, lorsqu’ils participent à une messe célébrée correctement, disent qu’il n’y aurait pas eu besoin de cette séparation avec l’Eglise catholique si c’était ainsi partout », a affirmé Mgr Canizares. Il a précisé que, de l’aveu de Mgr Bernard Fellay, actuel supérieur de la fraternité, Mgr Lefebvre n’aurait sans doute pas souhaité la rupture si la messe était célébrée partout « selon la forme la plus stricte » du nouveau Missel de Paul VI.
Alors que la nouvelle évangélisation est une priorité pour les catholiques, le chef de dicastère a estimé qu’il n’y avait « pas d’avenir pour l’Eglise, et même pour l’humanité, sans renouveau du sens liturgique ». La réforme la plus urgente est la formation liturgique, qui manque fortement et cela se voit, a-t-il encore souligné. « Là où les pasteurs et les fidèles ont une bonne formation liturgique, la vitalité des communautés est plus forte ».
Le prêtre ne doit pas être le « protagoniste d’une liturgie spectacle », a affirmé le cardinal, mais sa messe doit être davantage « comprise, consciente et active ».
Interpellé par les journalistes sur la sensibilité liturgique de Benoît XVI et notamment le retour récent de l’ornement traditionnel du fanon papal, Mgr Canizares a estimé qu’il fallait regarder les célébrations du pape comme un modèle à suivre. « Le pape enseigne non seulement par ses paroles mais aussi par ses gestes, et sa façon de célébrer est un exemple pour toute la chrétienté », a-t-il conclu. (apic/imedia/mm/rz)
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