Indonésie: Ecoles catholiques menacées de fermeture pour avoir refusé d’enseigner l’islam

Bras de fer entre l’Eglise catholique et les autorités municipales

Java, 19 janvier 2013 (Apic) Six écoles catholiques du diocèse de Surabaya, dans la province de Java-Est en Indonésie, sont menacées de fermeture. Elles refusent de se soumettre aux nouvelles directives des autorités locales, obligeant chaque établissement scolaire à enseigner l’islam et le Coran à leurs élèves musulmans.

Ces écoles ont reçu, fin décembre dernier, l’obligation d’appliquer le décret municipal, édicté « avec l’aval du ministère des Affaires religieuses », d’ici au 19 janvier 2013. Sans quoi, elles se verront retirer leur autorisation d’enseigner, rapporte « Eglises d’Asie », l’agence d’information des Missions étrangères de Paris.

Ce décret, intitulé « Blitar Mayoral Decree N° 8/2012 », rend obligatoire l’enseignement de l’islam et l’étude du Coran par des professeurs qualifiés, pour tous les élèves de religion musulmane dans tous les établissements scolaires, qu’ils soient publics ou privés.

Jusqu’à présent, l’usage était que les élèves musulmans inscrits dans les écoles chrétiennes suivent un enseignement religieux dans un cadre privé, généralement au sein d’associations musulmanes.

S’y soustraire, c’est commettre une infraction

Les écoles chrétiennes concernées par l’ultimatum ont répondu que leurs conditions d’enseignement avaient toujours été acceptées par leurs élèves musulmans et leurs familles. Pour les autorités de Blitar et le bureau local du ministère des Affaires religieuses, le décret municipal n° 8/2012 n’est qu’une application de la loi nationale sur l’enseignement religieux (« Government Regulation n° 55/2007 »). Qui cherche à s’y soustraire commet une infraction.

Si l’article 12 de la loi nationale sur l’enseignement religieux stipule que « chaque élève doit recevoir une éducation religieuse en concordance avec sa foi, et dispensée par des enseignants appartenant à cette même religion », l’article 55 autorise les membres d’une communauté, dont les écoles catholiques, à « dispenser à ses membres une éducation en accord avec ses convictions religieuses, sociales et culturelles ».

Devenir de meilleurs membres

Le maire de Blitar, Samanhudi Anwar, a déclaré qu’il ne reviendrait pas sur son décret. Il « a pour vocation de permettre à tous les élèves de recevoir un enseignement religieux, afin qu’ils deviennent de meilleurs membres, actifs au sein de leur communauté ». Il a ajouté que cette règle « ne s’appliquait pas seulement aux institutions catholiques, mais aussi aux écoles islamiques qui seraient elles aussi dans l’obligation de donner une instruction religieuse aux non-musulmans ».

Aan Ansori, leader de l’ »Islamic Network Anti-Discrimination » (JIAD) qui milite pour un islam modéré, a pris la défense des écoles chrétiennes. Il a appelé le maire de Blitar à révoquer le décret, déclarant douter de la réciprocité exigée des écoles islamiques. « Si ces règles sont appliquées, les écoles islamiques, qui sont beaucoup plus restrictives que les écoles catholiques en ce concerne l’accueil d’élèves de religions différentes, vont-elles réellement dispenser des cours aux bouddhistes, aux chrétiens ou aux hindous? »

Le 18 janvier, à la veille de l’ultimatum posé par la municipalité de Blitar, les responsables des écoles chrétiennes et le vicaire général du diocèse de Surabaya, le Père Agustinus Tri Budi Utomo, avaient « rejeté la demande des autorités locales et du ministère des Affaires religieuses ». (apic/eda/ggc)

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