Multiplication des meurtres rituels en Afrique

Nigeria: Un « prophète » arrêté en possession de morceaux de corps humains

Lagos, 20 février 2013 (Apic) Des morceaux de corps humains ont été retrouvés le 17 février 2013 dans un sac, près de Lagos au sud du Nigeria. Le « prophète » d’une secte locale semble impliqué dans l’affaire. Une augmentation des meurtres rituels est constatée depuis quelques années dans d’autres régions d’Afrique. Ces actes seraient souvent commandités par des personnes des hautes sphères de l’Etat voulant acquérir plus de pouvoir par le biais de la magie noire.

Cinq doigts, un cœur, un foie, un rein et des intestins humains ainsi que deux bouteilles remplies de sang se trouvaient dans un sac, a rapporté le 18 février 2013 le quotidien nigérian « Thisday ». Kunle Olaide a été arrêté par la police en possession de ces restes humains à Egbe près de Lagos, la capitale économique du pays.

Lors de son interrogatoire, il a avoué avoir passé la nuit précédente dans la « Star Glory Church » (l’église de la gloire de l’étoile) de la ville, dirigée par le « prophète » Dare Akinrosoye. Le chef de la secte a été arrêté peu après. L’enquête n’a pas encore pu établir clairement les circonstances de l’affaire, mais l’hypothèse du meurtre rituel s’impose spontanément.

Recrudescence au Gabon

Ce dernier incident n’est pas un cas isolé en Afrique noire. Dans de nombreux autres pays, les crimes de nature rituelle se multiplient depuis quelques années. La presse africaine, mais aussi internationale, rapportent régulièrement des cas de ce genre.

Dans une interview de juillet 2011 sur Radio France Internationale (RFI), Jean Elvis Ebang Ondo, président de l’ »Association de lutte contre les crimes rituels » (ALCR) a rappelé la recrudescence des crimes rituels au Gabon.

« Une élite nationale, sans foi ni loi, utilise elle-même ces pratiques occultes au vu et au su de tous », a dénoncé le militant. Le crime rituel est devenu une forme de « coutume » intégrée aux mœurs gabonaises », poursuit-il.

Les croyances locales sont pour beaucoup dans cette perception. « De nombreux gabonais pensent qu’il faut faire de la magie noire, ou appartenir à une loge pour réussir », explique Jean Elvis Ebang Ondo.

Période électorale, saison du carnage

« Cette gangrène n›est cependant pas propre au Gabon… Ces rituels se font partout en Afrique. Le Bénin et son vaudou sont également très portés sur ces pratiques de sacrifices humains. « Les crimes rituels sont pratiqués par des réseaux secrets, pour prélever du sang et certaines parties du corps des victimes (yeux, sourcils, oreilles, sexe, langue, lèvres, bouts de peau) censés offrir jeunesse, santé, richesse, réussite ou pouvoir », a dénoncé le militant gabonais.

En période électorale, il y a un carnage qui ne dit pas son nom, relève Jean Elvis Ebang Ondo. « A chaque mouvement politique, élection ou remaniement ministériel, des personnalités sacrifient des proches parents », affirme-t-il. Les commanditaires de tels actes ne sont jamais passés à la barre des tribunaux. On arrête des assassins, relâchés quelques mois plus tard. Il existe une impunité, une véritable  » solidarité « …

Vague de meurtres au Cameroun

Fin janvier 2013, l’agence d’information suisse « Infosud » relatait une série de meurtres à forts relents mystiques au Cameroun. Depuis deux mois, des cadavres mutilés de jeunes femmes ont été découverts à Yaoundé. Selon l’agence « les commanditaires de ces crimes, sur requête de leur marabout, seraient proches du pouvoir ». Entre le 2 décembre 2012 et le 10 janvier 2013, une vague de crimes spectaculaires a été commise dans l’arrondissement de Yaoundé 4.

Si le nombre de victimes fait débat – sept selon le gouvernement, une dizaine d’après la presse locale –, tous s’accordent pour parler de crimes rituels. Dans la capitale politique, on croit dur comme fer qu’il s’agit de « pratiques magico-diaboliques ». Le viol systématique, suivi dans bon nombre de cas de l’amputation de certaines parties du corps, se retrouve dans chacun des crimes », précise Issa Tchiroma, le ministre de la communication du Cameroun citant les premiers éléments de l’enquête.

Les croyances animistes perdurent

Le docteur Mballa, sociologue camerounais, partage cet avis. « Dans notre pays, les gens restent fondamentalement animistes, même s’ils sont publiquement adeptes des religions catholique et musulmane. Et tout le monde sait bien que pour satisfaire les demandes de puissance et d’enrichissement de leur clientèle, les marabouts exigent souvent des sacrifices humains, ou des organes comme le sexe, le cœur, le cerveau, etc ». 2013 est une année électorale cruciale pour notre pays, avec les législatives, les municipales et les sénatoriales. Comme à chaque approche d’un remaniement ministériel, quelques riches prétendants à de hautes responsabilités peuvent commanditer de tels crimes, affirme le docteur Mballa.

En 2012, Titus Edzoa, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, incarcéré aujourd’hui pour corruption, a publié un livre où il reconnaît l’existence de ces pratiques. « Boire du sang humain tout frais, c’est particulièrement excitant pour les caprices des démons », note-t-il dans son ouvrage. (apic/ag/rz)

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