Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a été victime d’une arnaque
Rome, 20 avril 2013 (Apic) Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le cardinal Tarcisio Bertone, a été entendu par un tribunal de Rome dans le cadre d’une escroquerie dont il a été victime alors qu’il cherchait à sauver la Congrégation des salésiens de la faillite.
Selon des révélations publiées dans la presse italienne du 19 avril 2013 et confirmées par des sources vaticanes, le numéro deux du Saint-Siège a reconnu avoir été impliqué dans la bataille juridique qui voyait s’affronter les salésiens, congrégation dont il fait partie, et les héritiers déçus du marquis Gerini, qui avait laissé sa fortune aux religieux à sa mort. Le cardinal Bertone a indiqué avoir cherché à peser de tout son poids pour mettre un terme à cette controverse vieille de nombreuses années. Il aurait ainsi livré le nom du prélat qui aurait reçu des pots-de-vin pour l’impliquer dans la négociation en gagnant sa confiance.
L’affaire remonte à 1990, date de la mort du riche bienfaiteur romain Alessandro Gerini, surnommé le ’marquis de Dieu’. La Fondation Gerini, reconnue par le Saint-Siège en 1967 et étroitement liée à la congrégation des salésiens, hérite de son immense patrimoine. Ses neveux décident d’engager une procédure judiciaire pour contester l’exécution testamentaire. Plusieurs médiateurs se mêlent de l’affaire. L’un d’eux, l’homme d’affaire Carlo Moisè Silvera, devient le négociateur privilégié des neveux. Il parvient, avec l’avocat de la Fondation Gerini, Renato Zanfaglia, à convaincre l’économe des salésiens d’accepter un accord pour clore la cause judiciaire.
Dans le cadre de l’accord, la fondation accepte, en 2007, de verser 16 millions d’euros, dont 5 millions aux neveux du marquis et le reste à leur négociateur, Carlo Moisè Silvera. Après réévaluation du patrimoine, le chiffre revenant au modérateur s’élèvera à 99 millions. Montant que la fondation a refusé de payer. Carlo Moisè Silvera demande alors la réquisition des biens pour un total de 130 millions d’euros, avec les intérêts.
Les salésiens portent plainte pour escroquerie. Après enquête du tribunal de Rome, la justice déclare la procédure valide et demande que la plainte soit classée. Dans une lettre du 24 septembre dernier, le cardinal Bertone avait déjà dénoncé l’escroquerie menaçant de faillite sa congrégation religieuse. Il y accusait Renato Zanfaglia de lui avoir caché deux aspects importants de l’affaire, le conduisant à donner son accord à un processus en défaveur de sa congrégation. Selon le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, l’avocat lui aurait caché l’absence de légitimation juridique de Carlo Moisè Silvera, ainsi que l’inexistence de titre permettant de revendiquer l’héritage de la part de la famille Gerini et du médiateur. « Je n’ai découvert que plus tard, a expliqué le prélat, que la valeur du patrimoine avait été gonflée démesurément ».
Selon les plaignants, l’arnaque viendrait de l’entente entre l’émissaire et l’ancien avocat de la fondation, Renato Zanfaglia. Ce dernier aurait gagné la confiance de l’économe de la congrégation, le Père Mazzali, et celle du cardinal Bertone. De mèche avec Carlo Moisè Silvera, l’avocat les aurait dirigés vers de mauvais choix, bénéficiant aux neveux d’Alessandro Gerini.
Une décision du tribunal de Rome a entériné, le 27 novembre 2012 après 22 ans de litige, le classement sans suite de la plainte déposée par la Fondation Gerini. La décision risque de mettre financièrement à mal la congrégation des salésiens, menacée ainsi de faillite. (apic/imedia/mm/rz)
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