Les théologiens s'intéressent enfin au phénomène «Anselm Grün»

Fribourg: Le moine bénédictin aux plus de 300 ouvrages à un symposium à l’université

Fribourg, 28 avril 2013 (Apic) Les ouvrages de ce moine bénédictin allemand sont déjà traduits en 32 langues. Pourtant la théologie se sent peu concernée par le phénomène « Anselm Grün ». Avec plus de 300 livres, il est un des auteurs les plus lus des pays germanophones. Un symposium en sa compagnie à l’Université de Fribourg a permis de poser, vendredi 26 et samedi 27 avril, un jalon en vue d’une recherche moderne sur Anselm Grün.

« Il n’est pas possible qu’avec 18 millions de livres vendus, aucun manuel d’éthique théologique de ces 15 dernières années n’en fasse mention », a affirmé à l’Apic le responsable de l’aumônerie catholique à l’Université de Berne, Thomas Philipp. Afin de combler quelque peu cette lacune, il a organisé avec l’abbé François-Xavier Amherdt, professeur de théologie pastorale à l’Université de Fribourg, le premier « symposium théologique scientifique » sur le phénomène Anselm Grün. « Si le Père Anselm attire autant de personnes, alors il doit exister quelque chose qu’on ne peut pas nommer. Et ce quelque chose devrait nous intéresser passionnément, nous les chrétiens. »

L’intérêt théologique scientifique pour l’écrivain bénédictin de l’abbaye allemande de Münsterschwarzach est très limité. Jusqu’à présent, il n’y a eu que 10 publications scientifiques sur cet auteur. « Nous commençons seulement à le prendre au sérieux », affirme Thomas Philipp. De toutes les personnes contactées en Suisse et en Allemagne, personne n’a décliné l’invitation, sourit-il. Une centaine de participants n’ont pas manqué l’occasion de rencontrer le célèbre écrivain.

Ni wellness, ni narcissisme

Avec son imposante barbe blanche et son habit monacal noir, Anselm Grün ne passe pas inaperçu. Il affirme qu’il veut « bâtir des ponts », autant à l’intérieur de l’Eglise qu’auprès des éloignés. L’écriture a constitué pour lui une clé de réponse à des questions « pour lesquelles je ne possédais pas de clé ». Il conteste toute vision de la spiritualité qu’il introduit dans ses ouvrages comme un « wellness » moderne. Une telle conception « narcissique » de la spiritualité ôterait toute force permettant d’agir dans la société. « Je ne suis pas un ésotérique », a affirmé le moine lors du symposium. Il essaie cependant de répondre théologiquement à ces tentations qui poussent l’être humain vers le domaine de l’ésotérisme. Ne pas prendre au sérieux l’homme en situation de misère ou de tristesse serait un chemin erroné.

Il appartient aussi à la théologie de remettre en question les paroles, affirme Anselm Grün. Car chaque mot ouvre différents chemins. Rien que dans la description du terme « rédemption » il y a au moins 12 modèles dans la Bible. Lorsqu’il écrit le mot « punition », « alors je sens comment la résistance se déchaîne en moi ». C’est le signe que cette expression nécessite une interprétation approfondie. Anselm Grün a également pris comme exemple la peur. Elle ne devrait pas être un blocage. Il faut la comprendre comme une invitation à « changer mon comportement ». Et chaque réponse au symbole de la croix n’est jamais une « dernière réponse à ce qu’elle représente ».

Lors du podium de discussion, Margit Eckholt, professeur de dogmatique à l’Université d’Osnabrück (Allemagne), a exprimé sa reconnaissance à Anselm Grün en ces termes: « Il est bon que nous ayons pu nous écouter l’un et l’autre, ainsi nous avons pu nous approcher intérieurement ». Au début du symposium, elle avait affirmé: « Il semble qu’il y ait un monde entre le rayonnement du Père Anselm Grün et la théologie. D’un côté un orateur adulé et auteur de best-sellers, et de l’autre côté la théologie, qui s’enferme toujours davantage dans son propre cocon ».

Dans ses ouvrages, Anselm Grün considère les non chrétiens comme des amis, et ces derniers lui répondent en lisant ses écrits, a lancé le jésuite Eckhard Frick, docteur en médecine psychosomatique et co-professeur d’accompagnement spirituel à l’Université Ludwig-Maximilian à Munich, lors du podium final. Il a rappelé que Saint Benoît avait prescrit à ses frères la prière et le travail. Beaucoup de questions parviennent à Anselm Grün et il lui est impossible de répondre à toutes. Ces demandes constituent le modeste signe « de tout l’impact de son sens de l’accueil », a-t-il assuré.

Note aux rédactions: Des photos du symposium peuvent être commandées à kipa@kipa-apic.ch. Prix pour diffusion: 80 frs la première, 60 frs les suivantes.

(apic/gs/bb)

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