Sri-Lanka : 4e anniversaire de la fin de la guerre civile
Colombo, 21 mai 2013 (Apic) Quatre ans après la dernière bataille sanglante qui mit fin à la guerre civile au Sri Lanka, Colombo a célébré avec faste la «Victoire sur le Mal » de ses armées, avec force parades, remises de décorations aux « héros de la Nation » et célébrations bouddhiques. Dans le nord de l’île, les vaincus Tamouls ne peuvent toujours pas commémorer leurs morts, rapporte l’agence d’information des Missions étrangères de Paris ‘Eglises d’Asie’.
Le 18 mai 2009 s’achevait l’un des plus longs conflits séparatistes d’Asie avec la reddition des Tigres de libération de l’Eelam tamoul, (LTTE), encerclés par l’armée sri-lankaise. L’assaut final avait provoqué un bain de sang avec entre 40 et 80’000 victimes civiles.
Les autorités militaires, qui contrôlent toujours les « territoires libérés » du nord de l’île, avaient interdit toute manifestation ou rassemblement de prière à la mémoire des morts du côté tamoul. A Vavuniya et Batticaloa, villes particulièrement touchées lors de la dernière phase du conflit, le principal parti tamoul, la Tamil National Alliance (TNA), défiant l’interdiction, a tenu le 18 mai une cérémonie de prière et de recueillement qui, selon les témoins, s’est déroulée sans heurts malgré une importante présence policière et militaire.
« Depuis la fin de la guerre il y a quatre ans, non seulement il n’y a eu aucun progrès, mais le respect des droits et libertés élémentaires a décliné au Sri Lanka », dénonçait le 20 mai dans un communiqué Human Rights Watch. « Les médias subissent une censure grandissante, les Tamouls, qui sont tous soupçonnés d’avoir eu des liens avec le LTTE, sont victimes d’arrestations et de détentions arbitraires et souvent torturés ».
« Quatre ans après la fin de cette terrible guerre civile, des Sri Lankais attendent toujours que l’on fasse justice aux victimes, qu’on leur donne des nouvelles des disparus, et enfin que l’on respecte leurs droits élémentaires », s’est indigné Brad Adams, directeur de la section Asie de Human Rights Watch.
Il y a deux mois, l’évêque catholique de Mannar, Mgr Rayappu Joseph, accompagné de 130 signataires catholiques et protestants, lançait un appel à la Commission des droits de l’homme de l’ONU, à Genève, lui demandant d’intervenir avant « le total anéantissement du peuple tamoul ».
« L’assassinat et la disparition de dizaines de milliers de civils tamouls ainsi que les tentatives de destruction systématique de la culture, de la langue et de la religion des populations des régions du Nord et de l’Est de l’île, semblent avoir pour but ultime d’anéantir totalement le peuple tamoul », avertissait-t-il. (apic/eda/mp)
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