Depuis 1980, la Thaïlande a perdu 43 % de sa forêt tropicale, selon le WWF

Thaïlande: Les évêques catholiques disent « non » à la déforestation

Bangkok, 31 mai 2013 (Apic) Les évêques catholiques de Thaïlande lancent un cri d’alarme : la déforestation intensive causée par l’industrie, le trafic de bois précieux et l’expansion agricole, a atteint un stade critique qui nécessite une prise de conscience collective. Lors d’un camp de jeunes de trois jours, la Conférence des évêques catholique de Thaïlande (CBCT) a cherché à sensibiliser la jeune génération aux problèmes écologiques qui menacent le pays, rapporte le 31 mai 2013 l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris, Eglises d’Asie.

Les forêts de Thaïlande sont en train de disparaître, en raison d’un abattage intensif pratiqué par les géants de l’industrie et les producteurs de canne à sucre, a averti Mgr Louis Chamniern Santisukniran, archevêque de Tharae-Nongsaeng et président de la CBCT. Les arbres sont abattus pour servir de combustible, tandis que les terres sont défrichées afin de laisser place à un nombre croissant de plantations, a encore expliqué le prélat à la quarantaine d’étudiants venus de tout l’archidiocèse.

Pendant les trois jours de ce camp de formation organisé à l’initiative de l’archevêché de Tharae-Nongsaeng, différents intervenants se sont succédé pour donner des conférences ou encadrer des débats sur l’environnement et les droits de l’homme, des domaines dans lesquels l’Eglise catholique en Thaïlande s’est beaucoup investie ces dernières années.

Un rapport du WWF publié début avril a dévoilé l’état avancé de la déforestation en Thaïlande, laquelle perdrait en moyenne 5000 km² de zones forestières par an. Selon les prévisions de l’ONG, le pays pourrait voir disparaître encore un tiers de ses forêts tropicales d’ici les vingt prochaines années si la destruction se poursuit au même rythme.

Causes multiples

Les causes de cette disparition sont multiples : la culture traditionnelle sur brûlis pratiquée par les aborigènes, le défrichage intensif des surfaces boisées pour l’exploitation agricole (plantations de canne à sucre, rizières, etc.), le trafic clandestin d’essences rares (comme le teck ou encore le palissandre, très prisé en Chine, mais surtout le développement de l’urbanisation et des grandes industries, compagnies minière en tête. Or, les forêts de bois durs sont celles qui mettent le plus de temps à se reconstituer et un grand nombre d’espèces, notamment de bois précieux, sont en voie de disparition, rapporte « The Guardian » dans son édition du 3 mai dernier.

A partir d’observations par satellite, les chercheurs du WWF ont calculé que, depuis 1980, la Thaïlande avait perdu 43 % de la dense forêt tropicale humide qui couvrait son territoire et abritait une biodiversité exceptionnelle. Un phénomène qui s’étend à l’ensemble de la région du Grand Mékong, qui aurait vu l’étendue de ses zones forestières passer de 55 % du territoire dans les années 1970 à moins de 34 % aujourd’hui. L’ONG prévoit qu’il ne pourrait rester d’ici 2030 que 14 % de la forêt, au sein de laquelle ne pourraient plus réussir à subsister les espèces protégées, végétales comme animales, qui y survivent encore.

La sensibilisation de la Thaïlande à cette menace écologique grave est récente. En 2012, après la parution d’un rapport de la Banque mondiale sur l’exploitation illégale des forêts, le roi de Thaïlande lui-même était intervenu, demandant des sanctions plus sévères pour les fonctionnaires corrompus fermant les yeux sur la déforestation. Les graves inondations de ces dernières années ont également contribué à mettre en avant les conséquences environnementales de la déforestation sauvage. (apic/eda/cw)

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