«Comment pourrait-il être illégal de sauver une vie ?»

Corée du Sud : La « boîte à bébé » du pasteur Lee Jong-rak menacée de fermeture

Séoul, 28 juin 2013 (Apic) Alors qu’elle a recueilli 231 enfants depuis sa création en 2009, la « boite à bébé » du pasteur Lee Jong-rak de l’Eglise protestante de la ‘Jusarang Community’ située dans la banlieue de Séoul, est menacée de fermeture.

En mai dernier, le ministre de la Santé sud-coréen a notifié par courrier au Révérend Lee l’ordre de fermer la boite à bébé, déclenchant une polémique dans le pays, rapporte l’agence d’information des Missions étrangères de Paris « Eglises d’Asie ». Selon la loi, le procédé mis en place par le pasteur encouragerait l’abandon d’enfant, un crime punissable de deux ans de prison. Mais ces accusations d’activités illicites ne semblent pas atteindre le pasteur. « Comment pourrait-il être illégal de sauver une vie humaine ? », interroge-t-il, décidé, quoi qu’il arrive, à ne pas arrêter de recueillir des bébés abandonnés.

Le Rév. Lee a installé la première – et l’unique – « boite à bébé » de toute la Corée du Sud dans le mur de son église en octobre 2009, après qu’une personne inconnue eut déposé un bébé devant la porte de son lieu de culte. Le nourrisson était mort de froid lorsqu’il a été découvert.

La « boite » du Rév. Lee est chauffée, alimentée en oxygène et en lumière douce. L’une des deux portes donne sur la rue, l’autre sur l’église, et une sonnerie alerte l’équipe de veille dès qu’un bébé a été déposé. Depuis sa mise en place en 2009, elle a recueilli 231 nourrissons, dont 50 ont retrouvé depuis leurs parents biologiques.

Une majorité d’enfants handicapés

La grande majorité des enfants abandonnés souffrent d’un handicap physique ou mental. En Corée du Sud, où l’apparence physique est un gage de réussite, explique le pasteur protestant, l’enfant handicapé est considéré comme une honte et une tare.

Dès qu’un nourrisson est déposé dans la boîte, le Rév. Lee le déclare au commissariat et le garde quelques jours avant qu’un délégué de la Santé publique ne vienne l’emmener pour un check-up médical. L’enfant sera ensuite, placé dans un orphelinat ou dans un établissement pour handicapés, ou encore, et c’est le cas le plus fréquent, recueilli par « l’orphelinat de la baby box », dirigé par le pasteur lui-même et son épouse, qui ont adopté une dizaine d’enfants abandonnés.

Mais depuis août 2012, la Corée du Sud a promulgué une loi stipulant qu’un enfant ne peut être adopté si sa naissance n’a pas été déclarée officiellement par ses parents. Cette loi a été promulguée afin de faire échec au trafic des nourrissons revendus à des parents adoptifs peu regardants et pour permettre aux enfants adoptés de connaître, ou de retrouver, leurs parents biologiques. Malheureusement, le revers de la médaille a été la hausse significative du nombre de bébés abandonnés. « Avant, nous trouvions environ deux nourrissons par mois dans la boite, rapporte le pasteur, mais depuis le passage de la loi, le nombre est monté une quinzaine, voire plus. ».

Expliquant que « la plupart des mères qui abandonnent leurs bébés sont célibataires et effrayées à l’idée de déclarer le bébé sous leur nom », le Rév. Lee précise que la loi de 2012 leur interdit désormais « de déposer leur enfant de façon anonyme dans un centre d’adoption, comme cela se faisait auparavant ».La société coréenne exerce une forte pression sociale visant à dissuader les filles-mères de garder leur bébé. Le pays connaît à la fois l’un des taux d’avortement les plus élevés au monde et une natalité très déprimée. (apic/eda/mp)

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