Rome, 17janvier(APIC) Jean Paul II a rétabli la hiérarchie de l’Eglise
catholique ukrainienne dans sa totalité. Il a nommé mardi cinq nouveaux
évêques pour les diocèses de rite latin et confirmé dans leurs fonctions
dix évêques pour les diocèses de rite byzantin. L’Eglise catholique ukrainienne avait été dissoute en 1946 et intégrée de force à l’Eglise orthodoxe.
Avec ces nominations, la situation de l’Eglise catholique ukrainienne
continue à se normaliser. Et c’est une des pages les plus douloureuses de
l’histoire de l’Eglise catholique ukrainienne qui se tourne. Si les catholiques de rite byzantin étaient peu nombreux en Russie au moment de la Révolution de 1917, l’annexion par l’URSS des ex-territoires polonais en 1939
concernait quatre millions d’uniates de Galicie.
Les difficultés commenceront en 1939 avec la confiscation des biens de
l’Eglise, de ses écoles, de ses imprimeries, et avec la suppression des
couvents, malgré les protestations du métropolite de Lviv, A. Szeptyckyi
(déjà déporté en Sibérie du temps des tsars). Mgr Joseph Slipyj, qui venait
à peine de lui succéder (1944), est arrêté en même temps que les cinq autres évêques uniates, dont trois mourront en prison ou en camp.
En 1946, se déroule le soi-disant « synode » de Lvov, par lequel l’Eglise
uniate est intégrée à l’Eglise orthodoxe. Resté seul parmi les évêques
d’avant la « réunion », Mgr Slipyj passera dix-huit ans en prison, avant
d’être libéré en 1963 suite à une intervention personnelle du pape Jean
XXIII. L’archevêque majeur de Lviv (Lvov) vit depuis en exil à Rome.
Les nouveaux évêques
Jean Paul II a confirmé dans leurs fonctions trois évêques ordonnés
clandestinement: Mgr Volodimir Sterniuk, qui reste « lieutenant » sur place
de l’archevêque majeur de Lviv, âgé de 93 ans. Il étudia la philosophie et
la théologie chez les Rédemptoristes en Belgique, où il fut ordonné prêtre
en 1931; Mgr Sofron Dmiterko, 73 ans, comme évêque de Stanislaviv; et Mgr
Ivan Semedij, 69 ans, comme évêque de Mukacevo-Uzhorod.
Le pape a élevé sept autres évêques uniates au titre d’évêques titulaires en les faisant évêques auxiliaires des trois évêques confirmés. Tous
ont reçu l’ordination épiscopale clandestinement. Il s’agit de Mgr Philemon
Kurczaba, 77 ans, de Mgr Mykhajlo Sabrycha, 50 ans et de Mgr Julian Voronovskyj, 54 ans, qui deviennent auxiliaires de Mgr Sterniuk; de Mgr Irynej
Bilyk, 40 ans, et de Mgr Pavlo Vasylyk, 54 ans, auxiliaires de Mgr Dmiterko
à Stanislaviv; de Mgr Ivan Margitych, 69 ans, et de Mgr Josyf Holowacz, 66
ans, évêques auxiliaires de Mgr Semedij.
Tous ces évêques ont été ordonnés entre 1983 et 1989. Deux appartiennent
à la Congrégation des Rédemptoristes.
Jean Paul II a par ailleurs rétabli la hiérarchie catholique de rite latin. Mgr Marian Jaworski, 64 ans, qui est depuis 1984 administrateur apostolique de l’archidiocèse de Lviv pour les territoires situés en Pologne,
est nommé archevêque de Lviv des Latins; Mgr Jan Purwinski, 56 ans, est
nommé évêque de Zitomir; Mgr Jan Olazanski, 71 ans, se voit confier le siège de Kamieniec; Mgr Rafal Kiernicki, 78 ans, et Mgr Markijan Trofimiak, 43
ans, sont tous deux nommés auxilaires de l’archevêque de Lviv des latins
pour les territoires situés à l’intérieur des frontières de l’URSS.
Le pape a encore nommé Mgr Jan Martinisk, 51 ans, jusqu’ici auxiliaire
du cardinal Jozef Glemp (Varsovie) pour l’ordinariat des fidèles de rite
byzantin, évêque de Przemysl (Pologne). Przemysl, ville de Galicie dont la
partie occidentale et le siège épiscopal uniate se trouvent en Pologne, est
également le siège d’un évêque catholique de rite latin (actuellement Mgr
Tokareczuk).
Le communiqué du Saint-Siège précise que les dix évêques uniates nommés
mardi ont reçu l’ordination épiscopale à une époque où il n’était pas possible de suivre la procédure propre aux Eglises orientales (élections par
le Synode de l’Eglise et confirmation du pape). Tous étaient déjà reconnus
par le Saint-Siège et figuraient parmi les 29 évêques qui se sont rendus à
Rome en juin dernier pour le Synode ukrainien.
« En confirmant sur leur siège les évêques de rite byzantin et en rétablissant la hiérarchie de rite latin, le Saint-Siège a voulu répondre au
droit des communautés particulières, y compris de rite latin, d’avoir un
pasteur légitime », conclut le communiqué. (apic/cip/jt/pr)
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