Dalil Boubakeur, premier musulman de France
Paris, 1er juillet 2013 (Apic) Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a été élu le 30 juin 2013 président du Conseil français du culte musulman (CFCM), rapporte le 1er juillet 2013 le quotidien français « Le Monde ». Défenseur d’un islam modéré, il irrite les intégristes et a dû être placé parfois sous protection policière. Dalil Boubakeur succède au Franco-Marocain Mohamed Moussaoui, qui a écourté d’un an son second mandat pour permettre la mise en œuvre d’une réforme souhaitée par les autorités françaises.
Dalil Boubakeur avait déjà effectué deux mandats à la tête de l’institution entre 2003 et 2008. Il est le défenseur d’un islam intégré dans la société française et du dialogue entre les religions. Il n’a cependant pas réussi à s’imposer comme « la référence » pour ses coreligionnaires malgré plus de trente ans à la tête de la Grande Mosquée de Paris (GMP).
« Il ne brille pas du rayonnement de l’institution qu’il dirige », regrette un responsable du culte musulman sous couvert de l’anonymat. Le recteur « souffre de sa proximité avec Alger, faisant de lui un diplomate de son pays d’origine alors que la communauté algérienne de France est plutôt réfractaire à Alger », analyse M’hamed Henniche, président de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis.
« Il pâtit aussi de sa méconnaissance des questions religieuses et d’un maniement approximatif de la langue arabe, ajoute M’hamed Henniche. Mais c’est le meilleur pour défendre l’image de l’islam en temps de crise comme lors des meurtres commis par Mohamed Merah. Il maîtrise la langue française, il rassure la société française et il rappelle que nous sommes Français. »
« Un islam du juste milieu »
A la tête depuis 1992 de la GMP, il fut longtemps, à ce titre, le seul interlocuteur des pouvoirs publics pour la communauté musulmane. Admirateur de Jacques Chirac, il a toujours prôné un islam « du juste milieu », tolérant et respectueux des règles de la société française. Son père, Hamza Boubakeur, avait dirigé avant lui la mosquée de Paris, de 1957 à 1982. Depuis cette date, la mosquée reste contrôlée par l’Algérie, qui la finance pour une large part.
Médecin, né le 2 novembre 1940 à Skikda, dans le nord-est de l’Algérie, et arrivé en France métropolitaine en 1957, Dalil Boubakeur est apprécié des pouvoirs publics, toujours inquiets des dérives islamistes, pour son souci de conciliation. Mais il irrite souvent les franges les plus militantes de l’islam religieux, et son autorité sur une communauté musulmane d’une extrême diversité et en pleine mutation a toujours été contestée. Il a notamment échoué à faire rayonner la mosquée de Paris dans les banlieues, où une part de la jeunesse issue de l’immigration développe un islam identitaire, parfois assimilé dans son discours à un islam « d’excités » et « d’intégristes ». Cible de menaces intégristes, il a été placé parfois sous protection policière.
En proie à des luttes internes entre les différentes mouvances qui le composent, le CFCM avait adopté en février une réforme de ses statuts qui ramène dans l’instance toutes les composantes de l’islam de France. Le CFCM a été créé en 2003 sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, pour doter les 3,5 millions de musulmans vivant en France d’une instance représentative, mais il a rapidement été grippé par des conflits entre ses différentes composantes.
Lors des dernières élections, en 2011, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans) et la Grande Mosquée de Paris (proche des Algériens) avaient boycotté le scrutin. Parmi les grandes fédérations, il ne restait donc que le Rassemblement des musulmans de France (RMF, proche des Marocains), ce qui limitait la légitimité de l’instance.(apic/lemonde/ag/cw)
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