Suisse: Une enquête d’opinion sur les juifs crée l’indignation
Genève, 22 août 2013 (Apic) « Pensez-vous que les juifs influencent trop les politiciens? ». C’est l’une des questions d’une enquête d’opinion réalisée en ce moment en Suisse par l’institut de sondage DemoSCOPE, basé dans le canton de Lucerne. Des personnalités dénoncent le caractère « orienté », voire « antisémite » des questions, rapporte le 22 août le quotidien « La Tribune de Genève ».
Annie Mumenthaler a répondu à toutes les questions « pour voir jusqu’où ils pouvaient aller dans l’ignominie ». Le 16 août, cette conseillère communale de Pully est invitée par téléphone à participer à un sondage. Elle prend note des questions. Echantillon: « Avez-vous une opinion très favorable, favorable ou défavorable sur les juifs? » – « A combien estimez-vous le nombre de juifs en Suisse en pourcentage de la population? » – « Pensez-vous que les juifs s’estiment supérieurs aux autres? » – « Les juifs sont-ils très solidaires entre eux et ne défendent-ils que leurs intérêts? ». « J’étais choquée, s’indigne l’élue UDC. C’est scandaleux, ignoble, raciste ».
DemoSCOPE, troisième institut de sondage du pays, mène depuis une semaine cette enquête d’ampleur internationale. Il travaille pour un institut allemand, lui-même mandaté par un institut canadien, dont le patron de DemoSCOPE ignore l’identité. « Cela n’a rien d’exceptionnel de ne pas communiquer le nom du commanditaire, précise Roland Huber, le directeur de l’institut de sondage lucernois. Le divulguer avant les résultats du sondage pourrait biaiser les réponses ». DemoScope a toutefois indiqué avoir interrompu l’enquête après avoir eu vent de réclamations. « J’ai lu le questionnaire et je dois dire que je l’ai trouvé très spécial, réagit Roland Huber. Les questions sont orientées; elles ne donnent pas toujours l’occasion de répondre librement ». Qui se cache derrière ces appels? Le professionnel penche pour une université ou un organisme. « Nous avons fait des études similaires sur les musulmans avec l’Université de Genève. Je ne peux pas m’imaginer qu’il s’agisse d’intérêts privés ».
La teneur du sondage laisse sans voix Antoine Reymond, président de la section vaudoise de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). « C’est choquant! Les libellés rappellent sinistrement les affiches posées en France pendant l’Occupation. On est dans la caricature, reprenant tous les poncifs antisémites. Sans compter que les questions sont biaisées. Ne risquent de répondre que les gens qui adhèrent à ces idées ». (apic/tdg/rz)
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