Europe de l’Est: Les conséquences néfastes de la migration illégale à l'ouest

Les orphelins sociaux de Moldavie et d’Ukraine

Chisinau, 5 septembre 2013 (Apic) En Europe de l’Est, particulièrement en Moldavie et en Ukraine, des milliers d’enfants de familles socialement défavorisées sont négligés ou vivent dans des orphelinats d’Etat, rapporte un article de l’œuvre d’entraide catholique Caritas. Certains ont été abandonnés par leurs parents qui sont partis travailler à l’Ouest. Ils souffrent souvent de pauvreté et sont victimes de violence domestique. Les oeuvres d’entraide s’efforcent de trouver des solutions modernes pour ces enfants et ces jeunes, afin qu’ils puissent se construire une existence autonome.

« Un pays sans mères »: c’est ainsi que le cinéaste autrichien Ed Moschitz résume son film documentaire « Mama Illegal » (2011), qui décrit la vie des femmes moldaves venues illégalement en Autriche pour trouver du travail, abandonnant leurs enfants derrière elles, note Caritas. Le film montre des familles qui, au fil du temps, n’arrivent plus à se reconnaître, des enfants dont les relations avec leur mère se résument à des photographies et une voix au téléphone; des hommes dépressifs parce qu’ils n’arrivent pas à répondre aux valeurs traditionnelles de la société qui veut que les pères entretiennent leur famille. « Mama Illegal » fait le constat des dégâts dans une société moldave dont les membres sont les domestiques des riches sociétés d’Europe de l’Ouest.

Grands besoins de personnel soignant à l’Ouest

L’Europe de l’Ouest a un grand besoin de femmes de ménage et de personnel soignant

Un million de Moldaves vivent et travaillent à l’étranger, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Roumanie, en Angleterre, en Allemagne ou en Suisse. Mais les réglementations nationales et la politique intérieure de ces pays rendent presque impossible l’immigration réglementée des forces de travail qui n’appartiennent pas à l’Union Européenne (UE). Les conséquences en sont un inévitable surcroît de migration illégale, d’abus et de criminalité organisée.

La plupart de ces personnes migrantes sont des femmes. Elles sont en effet mieux acceptées sur le marché du travail d’Europe de l’Ouest. Une infirmière de Chisinau gagne environ 200 francs par mois dans son pays. Elle en gagne 1’000 en s’occupant – souvent illégalement – de personnes âgées en Autriche, en Italie ou en Allemagne.

La Moldavie et l’Ukraine prioritairement concernées

« La plupart des familles se fracturent, de nouveaux couples se forment de chaque côté de la frontière. Beaucoup de gens sombrent dans l’alcoolisme, dans l’exclusion sociale, les enfants se retrouvent dans des orphelinats d’Etat », souligne Peter Staudacher, responsable de programme Moldavie, Ukraine et Russie pour Caritas Suisse. Quand il y a des familles d’accueil et des personnes chargées de la prise en charge des enfants (bénévolement ou non), elles ne sont pas compétentes ni formées. Les cas de violence et d’abus se multiplient.

Comme la Moldavie, l’Ukraine est un pays d’émigrants. Plus de trois millions d’Ukrainiens travaillent et vivent à l’étranger. Caritas Ukraine s’occupe depuis longtemps de la prise en charge des enfants dont les parents ont émigré. Elle gère dans cinq petites villes de l’ouest du pays des centres d’accueil pour ces enfants abandonnés qui souffrent de difficultés d’apprentissage, de troubles psychologiques et qui n’arrivent pas à suivre une scolarité ou une formation.

Systèmes sociaux adaptés aux besoins

Le problème des orphelins sociaux d’Europe de l’Est ne peut pas se résoudre seulement par des mesures prises dans les pays d’Europe de l’Ouest, par exemple d’élargissement du regroupement familial, de réglementation des services d’échange du personnel soignant des pays d’Europe de l’Est ou de restriction de l’accès au marché du travail dans l’UE ou l’AELE, affirme Caritas. Il faut également restructurer les systèmes sociaux et économiques d’Europe de l’Est. En premier lieu, il faut que les pays concernés proposent de réelles possibilités d’emploi permettant aux gens de gagner un revenu suffisant pour vivre. Il faut investir dans des réformes, combattre la corruption, augmenter l’efficience, créer la confiance pour que les entreprises étrangères investissent en Europe de l’Est et créent des emplois.

Il faut également installer des systèmes sociaux adaptés aux besoins (la Moldavie étudie une option de ce genre), encourager le travail social moderne et abandonner le versement inefficace de montants par l’Etat, suggère Caritas.

Réformer le travail social d’entente avec les autorités

Caritas Suisse gère en République de Moldavie un projet de recherche et d’organisation de familles d’accueil pour les enfants de migrants. Le projet garantit le contrôle des prestations de ces familles. Des centaines d’enfants évitent ainsi les orphelinats d’Etat. Il manque toutefois la volonté politique de démanteler les anciens systèmes, souligne l’œuvre d’entraide catholique. Le socialisme bureaucratique est encore bien présent dans les domaines de la formation et du social, aussi bien en Ukraine qu’en République de Moldavie et dans la Fédé-ration de Russie.

Caritas Suisse gère en Moldavie et en Ukraine des programmes visant à réformer le travail social et à mettre sur pied un projet praticable et efficace.

Caritas n’oeuvre pas contre les autorités, elle essaie au contraire de convaincre les services étatiques de l’intérêt de ce travail de réforme. Ces derniers admettent que les résultats sont convaincants. Plus personne, ou presque, ne conteste qu’une famille d’accueil est plus utile qu’un orphelinat.

Les lacunes sont toutefois nombreuses en ce qui concerne les outils méthodologiques permettant à ces Etats de se lancer dans un travail social moderne, relève Caritas. Les acteurs étrangers peuvent jouer un grand rôle dans la transmission des analyses de faisabilité et l’utilisation des modèles d’interventions adéquats. Les oeuvres d’entraide comme Caritas – qui dispose d’une grande expérience dans le travail social en Suisse – sont très demandées pour cette réforme du travail social en Europe de l’Est. (apic/com/rz)

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