«L'unité visible doit être le but de l'oecuménisme»

Rome: Le cardinal Koch déplore la « perte de mémoire » du mouvement oecuménique

Linz, 6 septembre 2013 (Apic) Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, a déploré la ‘perte de mémoire’ du mouvement œcuménique. « Au début, à l’époque du Concile Vatican II, il y avait une plus grande unité de vue qu’aujourd’hui sur le but de l’œcuménisme », à savoir l’unité visible des chrétiens, estime le cardinal dans une interview à la « Kirchenzeitung » du diocèse de Linz, en Autriche.

Le cardinal suisse regrette qu’il n’y ait plus entre les Eglises une compréhension commune de l’œcuménisme. « Nous devons à nouveau nous entendre pour savoir où le chemin peut et doit nous conduire. Pour nous les catholiques, l’unité visible reste le but de l’œcuménisme. »

Luther était un chercheur de Dieu

Dans la perspective du jubilé de la réforme protestante en 2017, le cardinal évoque également la figure spirituelle de Martin Luther qui touche aussi les catholiques. « Luther était un chercheur de Dieu. Nous devons retrouver la centralité de la question de Dieu », estime-t-il. « Luther n’a pas cherché n’importe quel Dieu, mais le Dieu qui s’est révélé en Jésus-Christ. Cette concentration sur la question de Dieu et la centralité du Christ me paraissent être les points décisifs. »

Depuis 50 ans l’Eglise catholique est entrée en dialogue avec les luthériens, rappelle Kurt Koch. Aujourd’hui le risque existe que beaucoup de choses tombent dans l’oubli. « Il s’agit de récolter les fruits. De publier les textes de ce dialogue, afin qu’ils ne soient pas perdus, mais restent des indicateurs pour l’avenir. »

Pour le cardinal le résultat le plus marquant de ce dialogue n’est pas la déclaration sur le Jubilé de la réforme publié en juin dernier, mais la « Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification » de 1998. Ce document a un caractère particulier parce qu’il a été adopté par les autorités des deux Eglises et pas seulement par des experts. » Les deux signataires, l’Eglise catholique romaine et l’Eglise évangélique luthérienne, ont mis un terme à leur querelle théologique le jour de la Réformation en 1999. D’autres aspects restent cependant litigieux, leur discussion a été reprise par les théologiens.

On souhaiterait faire quelque chose d’analogue au document de 1999 sur les grands thèmes de l’Eglise, l’eucharistie et le ministère, explique le prélat. « A mon avis, cela serait un pas en avant. Le temps où nous avons fait des papiers seulement sur l’eucharistie ou seulement sur le ministère est révolu. Je ne voudrais plus séparer les deux choses. »

Des relations cordiales avec les orthodoxes

A propos des relations du pape François avec les Eglises orthodoxes, Kurt Koch pense que le pape poursuivra le chemin entamé par Benoît XVI. « Le pape François tient beaucoup à la poursuite du dialogue fraternel et à des relations cordiales et amicales. » Le cardinal a vécu l’accueil par le pape François du pape copte et d’autres représentants orthodoxes. Il a constaté combien de temps il a pris pour eux. A côté de cela le dialogue théologique doit se poursuivre, relève-t-il.

Un champ très hétérogène

Le dialogue avec les Eglises libres et évangéliques est un champ très hétérogène, indique le prélat. Quelques mouvements sont anti-catholiques et anti-oecuméniques. Mais avec les Eglises libres, notamment en Europe centrale, le dialogue se renforce. « Dans les faits, sur diverses questions éthiques, nous sommes plus proches qu’avec les grandes Eglises protestantes. Beaucoup de chrétiens évangéliques ont l’impression que la reconnaissance du Christ est mieux préservée dans l’Eglise catholique que dans certaines des Eglises réformées. » (apic/kap/mp)

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