Partisans et adversaires s’affrontent sur sa conformité avec l’islam ou le christianisme
Dakar, 8 septembre 2013 (Apic) La pratique de la planification familiale (PF) au Sénégal divise les guides religieux musulmans du pays, certains l’estimant conforme à l’islam, d’autres, soulignant son rejet par la religion musulmane. L’Eglise catholique, de son côté, a exprimé le rejet de « tout usage d’artifice » tendant à promouvoir une PF. Ces divergences entre partisans et adversaires du contrôle des naissances, ont éclaté au grand jour, à l’occasion du lancement, d’une campagne nationale, vendredi 6 septembre 2013.
La campagne qui va durer 10 mois, vise à porter le taux de prévalence contraceptive, de 12% à 27% d’ici 2015, a déclaré la ministre sénégalaise de la Santé et de l’action sociale, Awa Marie Coll Seck.
Pour légitimer la pratique de la PF en islam, l’imam Ousmane Samb, coordonnateur du Réseau islam et population (RIP) invoque la lutte contre la mortalité maternelle et infantile et la recherche d’un équilibre et d’un bien-être social,. A cela, il ajoute des raisons sanitaires, sociales et économiques. Le fait par exemple de voir une femme tomber à nouveau enceinte pendant l’allaitement, présente des risques pour la santé de la mère ou du bébé. Sur le plan économique, les parents manquent souvent des moyens suffisants pour élever et entretenir beaucoup d’enfants.
« La religion musulmane ne refuse pas la méthode d’espacement des naissances », a souligné l’imam Samb, cité par le quotidien sénégalais « Le Populaire ». « Si on se base sur les écrits du Coran, la Sunna, le consensus des oulémas et le raisonnement par analogie, l’espacement des naissances est autorisé par l’islam, contrairement à ce que pense une certaine couche de la population sénégalaise « , a-t-il précisé.
Aux opposants de la planification familiale qui l’assimilent à une façon de « tuer les enfants», le président du RIP leur a rétorqué en leur disant qu’on « ne peut pas tuer quelqu’un qui ne vit pas encore. Ici, on parle de produit ou de moyen pour empêcher la rencontre de deux éléments, afin d’éviter une fécondation », fait-il remarquer.
Chef de fil des adversaires de la PF, l’imam Alioune Sall a dénoncé les partisans de cette pratique qu’il qualifie de « portes-voix », tout en les invitant à être « honnêtes dans leurs communications ». Considéré comme un prêcheur extrémiste, il s’est insurgé contre l’idée, selon laquelle, l’islam autorisait la planification familiale. Il est inutile de planifier pour espacer les naissances, a-t-il dit. « Car c’est Dieu qui programme tout. Lui seul est habilité à le faire et nul ne pourra le faire à sa place ».
« La période de fécondité est bien déterminée chez la femme, Dieu en est conscient ! Lui seul est capable de donner à qui il veut, le nombre d’enfants qu’il veut et quand il veut », a-t-il poursuivi, ajoutant que si la PF est pratiquée « par souci économique, par peur de naissances rapprochées ou pour être en bonne santé, c’est une grave erreur. Cela incombe de la volonté du Tout puissant », a-t-il tranché. L’imam Dame Ndiaye, un autre opposant à la PF, a accusé les défenseurs de cette pratique, d’avoir pour « seule motivation, le profit, mais pas l’intérêt général ».
Parlant au nom de l’Eglise catholique, l’abbé André Latyr Ndiaye, a indiqué que « la planification familiale n’est autorisée que si elle naturelle et dans le cadre du mariage ». « L’utilisation des moyens contraceptifs artificiels est interdite », a-t-il dit, notant en outre que « cette pratique peut encourager l’infidélité chez la femme ». (apic/ibc/mp)
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