Le commanditaire de l’assassinat (re)condamné à 30 ans de prison
Belem, 23 septembre 2013 (Apic) Au terme de 16 heures de délibération, la Justice de l’Etat du Para, au nord du Brésil, a condamné, le 19 septembre dernier, le propriétaire terrien Vitalmiro Bastos de Moura, surnommé « Bida », à 30 ans d’emprisonnement en régime fermé pour la mort de Soeur Dorothy Stang en 2005. Il a été reconnu coupable d’être le co-mandataire du crime de la religieuse américaine.
Dorothy Stang a été assassinée le 12 février 2005, près de la commune d’Anapu, dans le sud-ouest de l’état du Para, en plein cœur de l’Amazonie brésilienne. Pour la Justice, ce meurtre est lié au fait que la religieuse américaine défendait l’implantation de travailleurs sans terre sur des terres appartenant à l’Etat brésilien, mais occupées illégalement par des grands propriétaires et des forestiers de la région, dont Vitalmiro Bastos de Moura.
A l’époque des faits, l’enquête des polices civile et fédérale avait abouti à l’arrestation puis à la condamnation de Rayfran das Neves Sales et Clodoaldo Batista, reconnus être les auteurs de l’assassinat de la religieuse qui avait succombé après avoir reçu six balles dans le corps. Amair Feijoli Cunha, surnommé Tato, un autre propriétaire terrien de la région, avait été, pour sa part, reconnu coupable d’avoir joué les intermédiaires. Il avait en effet admis avoir été engagé par Bida et Regivaldo Pereira Galvao, surnommé Taradao, pour exécuter la religieuse. L’enquête avait également révélé que le ‘contrat’ s’élevait à 50 000 reais (20 000 francs suisses). La défense de Bida avait dès le début soutenu le fait que les preuves de la participation de leur client à ce meurtre étaient insuffisantes.
Jeudi, c’etait donc la quatrième fois que Bida comparaissait devant la Justice. Condamné à 30 ans de prison lors d’un premier jugement en 2007, ce dernier avait fait appel et obtenu l’acquittement en 2008. Le second procès avait été ensuite annulé pour vice de procédure. Lors d’un troisième jugement, qui avait duré plus de 50 jours, Bida avait été de nouveau condamné mais ses avocats avaient obtenu un vice de procédure. La sentence avait cependant été maintenue, mais aménagée sous forme de peine semi-ouverte. Ce qui lui permettait de continuer ses activités et circuler comme il le souhaitait, y compris sur la commune d’Anapu. Cette fois-ci Bida a été condamné à 30 ans de prison en régime fermé.
A l’issue du procès, les membres de la famille et les amis de Dorothy Stang ont laissé éclaté leur joie, improvisant même une ronde et des chants devant le palais de Justice de Belem. Visiblement ému, David Stang, le frère de la religieuse, a souligné que « la justice et la vérité avaient gagné ». Pour le Père José Amaro, ami de la religieuse et prêtre d’Anapu, « ce jugement est un aboutissement après tant d’années de lutte pour que Soeur Dorothy puisse reposer en paix ». Un repos qui, pourtant, pourrait être de courte durée. Alors que leur client était conduit en prison, les avocats de Bida ont effet déclaré qu’ils entendaient faire appel de ce jugement. (apic/jcg/mp)
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