Tel Aviv, 24 octobre 2013 (Apic) 899 citoyens indiens, membres de la communauté des ‘Bnei Menashe’, ont reçu le 21 octobre 2013 l’approbation du parlement israélien, pour immigrer en Terre promise. La communauté des ‘Bnei Menashe’, qui déclare descendre de l’une des ‘dix tribus perdues’, a vu ainsi renouveler son alya (‘retour en Israël’), malgré les doutes qui persistent au sujet de ses origines juives.
L’autorisation d’immigrer d’une durée d’un an, est le fruit de l’action de ‘Shavei Israel’, un organisme qui se donne pour mission de retrouver les communautés juives exilées. L’association s’est particulièrement investie dans la recherche, la conversion et le rapatriement des ‘Bnei Menashe’.
Depuis une cinquantaine d’années, une partie de cette communauté aborigène déclare descendre de l’une des ’10 tribus juives perdues’, qui auraient été dispersées à travers le monde après la chute du royaume d’Israël au VIIIe siècle avant J.C. Les ‘Bnei Menashe’, auraient conservé durant presque 3’000 ans leurs coutumes juives, mais en oubliant peu à peu leurs origines, explique l’agence d’information des missions étrangères de Paris ‘Eglises d’Asie’.
La grande majorité des Mizo sont chrétiens, essentiellement protestants. C’est à travers l’étude de la Bible que certains d’entre eux crurent discerner dans leurs traditions pré-chrétiennes des réminiscences de pratiques décrites dans l’Ancien Testament. Au début des années 1950, certains membres d’Eglises pentecôtistes au Mizoram, déclarèrent avoir reçu la révélation au cours de songes et de visions, que les Mizo descendaient des tribus perdues et qu’ils devaient ‘repartir vers Sion’. Au Mizoram et au Manipur, les Mizo, puis d’autres tribus Shilung commencèrent à pratiquer leur propre forme de judaïsme pour, dès les années 1970, s’essayer aux rites orthodoxes avec l’aide de rabbins venus de l’étranger.
C’est avec l’intervention de l’ONG Shavei Israël que le rêve du « retour à Sion » put véritablement prendre forme. Dans les années 1980, le rabbin Eliyahi Avichail venu enquêter sur la petite communauté, conclut que plusieurs pratiques rituelles ancestrales des Mizo attestaient bien de leurs origines juives. C’est lui qui leur donna le nom de ‘Bnei Menashe’, ›fils de Manassé’ en hébreu, descendants de Joseph.
Au cours de la décennie suivante, des rabbins envoyés par Shavei Israël donnent leur accord à la conversion formelle des membres de la communauté. Ces derniers restent cependant minoritaires parmi les Mizo qui restent protestants dans leur grande majorité.
L’immigration des ‘Bnei Menashe’ peut alors débuter véritablement : quelques centaines de membres des tribus indiennes sont installés dans les territoires de Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Mais l’authenticité du judaïsme de ces tribus aborigènes indo-birmanes reste controversée. Dans les milieux sionistes religieux, l’arrivée de ces nouveaux immigrants qui renforcent la démographie juive en Israël, en particulier dans les territoires occupés, est considérée d’autant plus favorablement qu’elle rejoint l’accomplissement très attendu des prophéties concernant « le retour à Sion des tribus perdues ».
Mais pour leurs opposants politiques, les motivations des ‘Bnei Menashe’ sont qualifiées de plus économiques que religieuses et les aborigènes indiens sont soupçonnés de vouloir avant tout bénéficier de la nationalité israélienne et de meilleures conditions de vie. Les Etats du Mizoram et du Manipur d’où viennent la majorité des candidats à l’immigration en Israël, sont en effet les régions parmi les plus pauvres de l’Inde.
A la fin des années 1990, s’ajoute l’irritation des autorités indiennes face aux tensions provoquées par les conversions de milliers de Mizo au judaïsme. Les réactions violentes des hindouistes à ces conversions de masse nécessitent l’intervention du gouvernement fédéral.
En 2003, l’immigration des ‘Bnei Menashe’ est stoppée, sur décision du ministre de l’Intérieur israélien, dans l’attente d’une ‘vérification de leur filiation juive’. Finalement, après d’âpres controverses, les ‘Bnei Menashe’ sont officiellement reconnus en 2005 comme « descendants d’Israël » par le Grand Rabbin Shlomo Amar qui exige cependant que les Mizo se convertissent préalablement au judaïsme orthodoxe avant d’émigrer. Afin d’éviter les troubles engendrés par les conversions de masse en Inde, les Mizo sont envoyés au Népal par groupe de 200 à 300 personnes, pour y être formés et convertis discrètement. L’immigration reprend timidement en 2007, par vagues de quelques centaines de ‘Bnei Menashe’ à chaque fois.
Aujourd’hui, un peu moins de 2’000 ‘Bnei Menashe’ vivent en Israël et l’immigration de 7’000 autres est actuellement en cours. Mais selon Shavei il resterait encore près de 4’000 membres de la tribu perdue de Manassé, répartis en Inde et en Birmanie, qui attendent encore d’effectuer leur alya. (apic/eda/mp)
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