Sri Lanka: La Commission Justice et Paix du diocèse de Jaffna dénonce le 'génocide des tamouls'

Le gouvernement ne veut ni la paix ni la réconciliation

Jaffna, 24 octobre 2013 (Apic) « Un génocide du peuple tamoul est actuellement en cours au Sri Lanka » dénonce la Commission Justice et Paix du diocèse de Jaffna, dans le nord du Sri Lanka. Dans ce document, le président de la Commission, le Père Mangalarajah, lance un cri d’alarme et invite le Saint-Siège à exercer des pressions sur le Sri Lanka afin de proposer une solution politique équitable à l’organisation nationale de l’après-guerre civile.

Justice et Paix fait état d’un certain nombre de questions non résolues pour le peuple tamoul, minorité ethnique qui vit dans le nord et l’est de l’île, rapporte l’agence d’information vaticane Fides. La première est de la responsabilité de la vérification des violations des droits humains, en particulier au cours des phases finales de la guerre, en 2009. La commission demande justice pour la mort de milliers de civils innocents et réclame une enquête internationale concernant les personnes disparues, l’usage des bombes à fragmentation et d’armes chimiques.

Le deuxième point concerne la confiscation de terres appartenant à des civils tamouls. En effet, 90% des territoires occupés à l’époque de la guerre n’ont pas encore été restitués à leurs légitimes propriétaires. L’Eglise catholique a, elle aussi, perdu, au titre des terrains confisqués, trois Paroisses comprenant de nombreuses églises, chapelles et instituts. De nombreux terrains côtiers ont été séquestrés de manière totalement arbitraire et donnés à des militaires ou à des fonctionnaires afin de construire des résidences de luxe au détriment des pêcheurs locaux.

Des milliers d’opposants croupissent dans les prisons

Le troisième point dénonce le « contrôle démographique coercitif » de la population tamoule, en grande partie catholique. Selon Justice et Paix Les femmes du district de Kilinochchi sont conduites à l’hôpital et contraintes à prendre de la progestérone au moyen d’implants sous-cutanés en vue d’une limitation des naissances.

La situation de milliers de prisonniers politiques tamouls, qui se trouvent dans les prisons d’Etat pour certains depuis plus de 15 ans, constitue la quatrième injustice. Il s’agit de civils, dont des femmes, de personnes âgées, ou des malades, souvent accusés seulement d’avoir ravitaillé en nourriture des guérilleros. L’évêque de Mannar, Mgr Rayappu Joseph, s’est vu refusé le droit de leur rendre visite.

Un système de terreur

Le texte dénonce aussi le système de terreur qui règne, en particulier dans la région de Vanni, où on compte de nombreux cas d’abus sexuels et de viols de jeunes tamoules commis en toute impunité par les militaires.

Enfin, le texte dénonce la « colonisation ethnique, culturelle et religieuse », appuyée par le gouvernement de la part de colons cingalais, afin de convertir et de normaliser les zones historiquement tamoules. Le gouvernement continue à censurer les moyens de communication et toute forme de contestation au travers d’intimidations et de menaces. Il ignore totalement toute volonté de justice, de paix et de réconciliation conclut la commission. (apic/fides/mp)

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