Lugano : Première interview du nouvel évêque Mgr Valerio Lazzeri
Lugano 5 novembre 2013 (Apic) « Je reçois un champ, certes très complexe, pas facile à travailler, mais aussi riche et fascinant. », relève Mgr Valerio Lazzeri dans sa première interview au Giornale del Popolo après sa nomination comme évêque de Lugano le 4 novembre 2013. Le jeune évêque, âgé de 50 ans, souhaite être comme le chef d’orchestre qui fait jouer la musique de l’Evangile.
Mgr Lazzeri s’est choisi comme devise une sentence assez inattendue du livre de l’Ecclésiastique « N’empêche pas la musique. » Cette devise se réfère au début du chapitre 32 de ce livre de l’Ancien Testament, appelé aussi livre de Ben Sirach le sage, qui parle des banquets, explique le nouvel évêque. « Je me souviens toujours que je n’ai pas écrit la partition de ce que nous avons à jouer ensemble. Et qu’en aucune manière les instruments ne m’appartiennent. Je vais, bien sûr, la Parole à la main, pour enseigner, sanctifier et gouverner, mais pas pour entrer en concurrence avec la musique que Dieu seul a conçu et exécuté. Pour ma part, je ne peux que promettre de servir cette musique de l’Evangile de Jésus-Christ, de ne pas déranger son harmonie. »
A ceux qui lui font remarquer son absence d’expérience comme curé de paroisse, puisqu’il a surtout un parcours d’enseignant, le nouvel évêque répond en évoquant sa volonté et sa capacité d’écoute qu’il a développées comme accompagnateur spirituel. « Selon moi, c’est une dimension qui pourrait très bien être l’un des objectifs d’un service épiscopal. Offrir à tous les membres du diocèse un espace d’écoute où ils peuvent se sentir acceptés et compris dans leur originalité. L’expérience de l’écoute des gens est en quelque sorte une préparation. L’art de l’écoute est l’un des plus difficiles à apprendre. Au début, je pensais être capable d’écouter, parce que j’étais dans cette générosité spontanée d’un jeune homme qui veut se mettre au service des autres. Mais je me suis rendu compte qu’apprendre à écouter ne vient pas de la volonté d’écouter, mais que c’est une grâce qui vous est donnée. Quelqu’un, même s’il veut écouter, risque de mettre un mur entre soi et l’autre. L’écoute ne peut se produire que dans une attitude de grande pauvreté pour faire place à l’autre. […] Bien que je n’ai pas été directement curé, cette expérience a sa propre importance. »
A propos du diocèse de Lugano, son nouvel évêque insiste sur sa volonté de faire jouer la partition tous ensemble. « Il s’agit d’une réalité très riche, de nombreuses initiatives de nombreuses idées. On sent qu’il y a une énergie qui veut exprimer ce qui est caché. […] Mais cette richesse finit par être un peu perdue parce qu’il n’a pas le sentiment d’appartenance commune. […] Cette autosuffisance des initiatives individuelles me semble un gaspillage regrettable. Les initiatives individuelles, dans leur diversité devraient donner l’impression qu’elles viennent d’une unique source. »
Comme autre point important de son programme, Mgr Lazzeri retient la question de l’évangélisation. « J’ai toujours senti cette exigence de vivre une expérience chrétienne plus profonde. Dans un monde où tout est si superficiel et rapide, je crois que les chrétiens ont quelque chose à dire sur l’intériorité de la vie humaine, avant même la vie spirituelle. Je crois que les chrétiens ont un rôle crucial pour retrouver le chemin de l’homme vers l’homme. Les hommes et les femmes souffrent aujourd’hui d’un manque de racines. Un être humain sans racines est un être humain qui a peur : il ne sait pas d’où il vient, il n’est pas alimenté intérieurement, fatalement il se défend, il revêt une armure contre les autres. Pour moi, c’est un aspect fondamental. Personne n’a eu une humanité si profondément enracinée que le Fils de Dieu qui s’est fait homme. L’humanité de Jésus de Nazareth est profondément enracinée en Dieu, singulière, particulière et universelle. […] Ce qui est important pour moi, c’est de faire comprendre que le chemin de la foi est un chemin d’humanisation profonde. Il ne s’agit pas d’ajouter des pièces ou des étiquettes, mais d’aller en profondeur.
Mgr Valerio Lazzeri
Valerio Lazzeri est né à Dongio, dans le Val Blenio, le 22 Juillet 1963. Après l’école obligatoire dans sa vallée, il fréquente l’école secondaire à Bellinzone. Il entre ensuite au séminaire diocésain Saint-Charles, alors basé au Salesianum à Fribourg où il suit les cours à l’Université et obtient sa licence en théologie. Après son ordination sacerdotale le 2 septembre 1989, à Lugano, des mains de Mgr Eugenio Corecco, il poursuit ses études à l’Institut pontifical « Teresianum » de Rome jusqu’à l’obtention d’un doctorat en théologie spirituelle en 1991. Il rejoint alors le Tessin comme enseignant et vice-chancelier du « Collegio Papio » d’Ascona.
En 1993, il est appelé au Vatican auprès du secrétariat pour l’éducation catholique où il reste jusqu’en 1999. De 1999 à 2009, il est engagé comme professeur de théologie spirituelle à la Faculté de théologie de Lugano. Dans le même temps, il est prêtre auxiliaire à Locarno en particulier pour la prédication, la catéchèse, la lectio divina, ainsi que l’aumônerie de la clinique locale. En 2009, il part pour un an dans la communauté monastique œcuménique de Bose, dans le Piémont, se consacrant à l’étude, à la recherche, et à l’approfondissement spirituel.
Nommé le 2 août 2010 chanoine du chapitre de la cathédrale de San Lorenzo, il reprend ses fonctions d’enseignant à la Faculté de théologie de Lugano, tout en restant à la disposition de la paroisse de la cathédrale pour les célébrations et les confessions, ainsi que pour la célébration du sacrement de la confirmation comme délégué de l’évêque. Il est également nommé directeur spirituel du séminaire diocésain Saint-Charles.
Enfin, le 2 mai 2013, il est nommé professeur ordinaire de la Faculté de théologie de Lugano Il a également été membre des commissions diocésaines de la liturgie, de l’école, de l’enseignement religieux, de la formation permanente du clergé et des laïcs et des bulletins paroissiaux. Il est l’auteur de plusieurs publications théologiques.
(apic/gdp/mp)
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