et pastorales à Bruxelles fête ses 20 ans

Belgique: le Centre d’études théologiques (260291)

Le cardinal Danneels réaffirme la liberté du théologien

Bruxelles, 26février(APIC) Le Centre d’études théologiques et pastorales

(CETEP) de Bruxelles, qui assure la formation théologique des séminaristes

francophones de l’archidiocèse, mais aussi celle de nombreux autres chrétiens, vient de fêter ses vingt ans. L’occasion pour les professeurs, étudiants et anciens du CETEP de se réunir le 23 février autour du cardinal

Godfried Danneels et de ses évêques auxiliaires pour Bruxelles et le Brabant wallon, Mgr Paul Lanneau et Mgr Remy Victor Vancottem.

Dans le discours qu’il a prononcé, le cardinal Danneels s’est penché sur

quelques enjeux de la théologie aujourd’hui, tout en tenant à réaffirmer la

liberté de recherche théologique: « La théologie ne doit pas se faire nécessairement dans l’obéissance aveugle! La liberté du théologien s’inscrit, au

contraire, dans la grande Tradition de l’Eglise ».

Quatre fois crucifié

L’archevêque de Malines-Bruxelles, qui n’a rien renié du métier de théologien qu’il a exercé pendant 18 ans, a aussi souligné combien ce métier

pouvait être « crucifiant », car il y a, dit-il, quatre tentations auxquelles

le théologien est particulièrement confronté.

Tout naturellement, explique le cardinal, la pensée théologique tend à

suivre sa propre dynamique, au point de s’ériger en théologie propre. C’est

pourquoi le théologien doit avoir le courage et la simplicité de se laisser

remettre en question, dans l’obéissance à l’égard de la Parole de Dieu et

dans la loyauté envers la grande Tradition de l’Eglise ».

« Tout naturellement aussi, le travail de l’intelligence du théologien

tend à devenir un pur savoir raisonnable. Or, il faut être capable de marier ce savoir avec l’intelligence du coeur et la vie spirituelle. Pour

moi, n’hésite pas à dire le cardinal Danneels, le théologien type, c’est

Origène, un penseur que l’Eglise ancienne a jugé hérétique mais qui méritait d’être réhabilité et qui était en tout cas un grand mystique ».

Tout naturellement encore, le théologien est porté à concevoir son travail comme unique. Or, on n’est pas capable de faire de la bonne théologie

si on ne se laisse pas critiquer par ses pairs. La théologie est nécessairement une oeuvre collective. Les différentes tendances sont certes légitimes. Mais le théologien ne peut faire cavalier seul ».

« Enfin, quand on est théologien, on est parfois tenté de penser: jamais

les gens simples ne pourront me comprendre! Eh bien, chaque théologien doit

se laisser crucifier en exigeant de soi-même d’être compris par les autres ».

Les questions de demain

Dans son discours, le cardinal Danneels a également mis en évidence

quelques grandes questions que la théologie de demain va devoir affronter.

La toute première question, pour l’archevêque, est celle-ci: « Dieu est-il

un Dieu personnel, ou une vague réalité océanique dans laquelle l’homme est

appelé à se perdre? » Question connexe: « Dieu s’est-il effectivement révélé

historiquement à travers un homme déterminé, à un moment bien particulier

de l’histoire? »

Le cardinal Danneels constate encore que la tendance en vogue est de

considérer la religion comme thérapeutique: « C’est bon parce que ça me fait

du bien! » Mais, demande-t-il, la religion ne doit-elle pas d’abord être

branchée sur Dieu pour lui-même? « Au fond, précise l’archevêque, le problème majeur posé aujourd’hui au Christianisme ne vient pas tellement de

l’athéisme, car l’alternative ne semble pas être: ’Dieu ou rien du tout’,

mais de la perception qu’on se fait de Dieu: vais-je me tourner vers le

Dieu de Jésus-Christ, ou vers une force cosmique impersonnelle, vers une

voie parmi d’autres, vers ce qui me fait du bien? Vais-je me poser la question: à quoi ça sert? Ou bien vais-je plutôt me demander: qui puis-je servir? »

Dernière grande difficulté mise en relief par le cardinal: la confrontation avec les religions orientales. « C’est un grave problème d’inculturation, d’intégration culturelle, explique-t-il. Nous avons pu croire que

l’enracinement du christianisme en terre africaine représentait un redoutable défi de ce point de vue. Mais ce n’est rien en comparaison de la rencontre avec les religions asiatiques. Car la culture africaine est encore à

l’état de lave liquide; ce n’est pas une culture achevée, clichée. Tout autres sont les cultures de la Chine, du Japon ou de l’Inde, qui sont déjà

solidifiées et sont, du reste, bien plus anciennes que le christianisme ».

Collaboration entre Instituts

Enfin, le cardinal a vivement souhaité que s’intensifie la collaboration

entre les différents Instituts de formation théologique existant à Bruxelles.

C’est en septembre 1970 que la formation théologique et pastorale proposée aux séminaristes de l’archidiocèse dans le cadre du Séminaire de Malines a été tranférée à Bruxelles. En 20 ans, les options du CETEP se sont

affinées mais souvent confirmées. « Il s’agit, aujourd’hui en théologie, de

porter un discernement particulier sur le pluralisme comme sur le retour

des dieux, note J. Vermeylen quant au contexte où le CETEP a choisi d’organiser ses efforts pour accueillir la foi de toujours, l’expliciter, la

structurer, la fonder sur l’Ecriture et la Tradition de l’Eglise, sans oublier l’écoute de ce que dit le magistère. Il s’agit aussi de l’inscrire

dans la culture, ou plus exactement dans le bouillon de cultures qui est le

nôtre, sans quoi elle sera incommunicable. (apic/cip/pr)

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