Célébrations de Noël sous tension
Djakarta, 24 décembre 2013 (Apic) A la veille des célébrations de Noël, les autorités indonésiennes ont déployé d’importantes forces de police pour assurer la sécurité des églises chrétiennes et éviter les risques d’attentat. 10’000 membres des forces de sécurité monteront la garde devant 948 églises à Djakarta et 732 autres lieux de culte chrétiens ailleurs dans le pays.
Les quelque 10 % des Indonésiens de confession chrétienne s’apprêtent à fêter Noël sous haute tension. Comme chaque année, la polémique autour du fait de savoir s’il est ou non permis à un musulman de souhaiter un ›Joyeux Noël’ à un chrétien a rebondi, avec une déclaration du président de l’Assemblée consultative des oulémas de Banda Aceh. Celui-ci a affirmé qu’il était « haram », interdit donc, de le faire. Il s’appuyait pour cela sur une fatwa de 1981 du Conseil des oulémas indonésiens, rapporte l’agence d’information des missions étrangères de Paris «Eglises d’Asie»
Or selon Achmad Munjid, enseignant au Centre pour les études interculturelles et religieuses (CRCS) de l’Université Gadjah Mada, de manière surprenante la fatwa de 1981 ne dit nulle part qu’il est interdit aux musulmans de dire ›Joyeux Noël’. Il y a là une manipulation menée par des extrémistes, relève le chercheur.
Tout en expliquant la différence fondamentale à propos de Jésus – Dieu fait homme pour les chrétiens et un simple prophète pour les musulmans –, la fatwa a expliqué de manière claire qu’il était permis à un musulman de dire ›Joyeux Noël’ comme une marque de tolérance religieuse, note Achmad Munjid. Il ne lui est pas permis pour autant de participer à un rite lié à la fête de Noël. Buya Hamka, l’auteur de la fatwa, ajoutait qu’il était, par analogie, parfaitement acceptable pour un chrétien de souhaiter à un musulman un joyeux Idul Fitri [ndr : fête marquant la fin du ramadan], mais qu’il ne lui viendrait pas à l’idée de se joindre à une prière islamique.
Paradoxalement un certain nombre de musulmans sont restés figés dans cette idée d’être la «majorité avec une mentalité de minorité », explique Achmad Munjid. Parce qu’ils s’estimaient perdants autrefois au plan politique, ces musulmans se sentent toujours menacés aujourd’hui et ressentent une jalousie profonde en estimant qu’ils n’ont pas leur juste part du gâteau,. Dans ce contexte, même une expression aussi anodine que ›Joyeux Noël’ peut être perçue par eux comme une menace pour leur foi et doit donc être interdite. (apic/eda/mp)
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