Suisse: L'ancien nonce à Berlin Jean-Claude Périsset s'exprime sur ses projets de retraite

Un diplomate est formé à s’adapter

Estavayer-le-Lac, 30 janvier 2014 (Apic) Un diplomate est formé pour s’adapter immédiatement à une situation. C’est la raison pour laquelle Mgr Périsset n’est pas inquiet pour son avenir en tant que retraité, dans sa ville natale d’Estavayer-le-Lac. La retraite est pour lui l’occasion de se consacrer à la contemplation et au recueillement, une autre façon, non professionnelle, de servir l’Eglise.

Apic: Vous avez derrière vous une longue carrière de diplomate. Où allez-vous vivre votre retraite? A Rome ou dans votre patrie, le canton de Fribourg?

Mgr Jean-Claude Périsset: Cela fait longtemps que je me prépare à la retraite, à vrai dire depuis environ 15 ans. A cette époque, j’ai pu disposer de mon propre appartement dans la nouvelle maison de mon frère, à Estavayer-le-Lac, qui exerçait le métier de pédiatre. C’est dans cette ville que je suis né. Aussitôt que la maison a été construite, j’ai pu y apporter de nombreux livres. Jusque là, ils étaient entreposés dans le grenier du presbytère d’un autre frère, qui est prêtre.

A mon nouveau domicile, je peux aider le prêtre local. Je reste de toute façon à disposition de l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Dès le premier jour de mon arrivée à Esatvayer-le-Lac, j’ai célébré la messe dans la collégiale.

Apic: Quels ont été les moments marquants de votre vie?

JCP: Il y a eu tellement de moments marquants dans ma carrière de diplomate et ils étaient si diversifiés, que je ne peux, avec le recul, qu’en être reconnaissant envers Dieu et ma hiérarchie. Le plus grand moment a certainement été mon ordination épiscopale, le 6 janvier 1997, à la basilique St-Pierre, avec onze autres évêques, par le pape Jean Paul II, bientôt canonisé. En tant que ‘minutant’ (collaborateur) au secrétariat d’Etat, de 1991 à 1996, j’ai pu à plusieurs reprises participer à des réunions de travail avec le pape polonais, dans ses appartements. J’ai officié comme greffier lors de séances où étaient présents de hauts prélats.

Apic: Qu’est-ce qui vous manquera de votre vie de diplomate?

JCP: Rien ne me manquera. Car un diplomate est formé pour s’adapter immédiatement à toute nouvelle situation. Après 40 ans de service diplomatique, c’est devenu quelque chose de très facile. J’ai déjà vécu ce genre de situation lorsque, en 1986, j’ai été rappelé dans mon diocèse pour occuper le poste d’official. J’y suis resté cinq ans, jusqu’à ce que quelqu’un possédant les connaissances nécessaires en droit canonique soit trouvé et me remplace. Je suis ainsi revenu à Rome, parce qu’avec les changements en Europe de l’Est, le Saint-Siège ne disposait pas d’assez de collaborateurs pour entretenir les nouvelles relations avec ces Etats. J’ai officié dans l’ex-Union Soviétique et dans l’ex-Yougoslavie, ce qui m’a donné l’opportunité de me rendre plusieurs fois à Moscou et à Sarajevo, alors assiégé.

Apic: Qu’est-ce qui différencie un diplomate du Saint-Siège d’un diplomate représentant les Etats-Unis ou la Suisse?

JCP: La différence tient principalement au fait que nous sommes des prêtres. Tous les papes pour lesquels j’ai servi – Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean Paul II, Benoît XVI et le pape François – ont mis en avant cette identité spéciale de « prêtre-diplomate ». En outre, le Saint-Siège lui-même a défini la mission particulière du nonce. Ils doivent promouvoir les valeurs spirituelles dans le monde, et non les intérêts purement politiques ou économiques. Le pape François a clairement exprimé cela, le 21 juin 2013, à Rome, dans son adresse aux nonces du monde entier. Il s’est alors référé à une citation de Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI, le 25 avril 1951. S’adressant aux étudiants de l’Académie pontificale, qui forme les collaborateurs du service diplomatique du Saint-Siège, il avait affirmé que « la figure du représentant du pape est celle d’un homme qui a vraiment conscience de porter le Christ avec lui ».

Il faut aussi souligner que l’une des tâches essentielles des nonces est d’entretenir les relations entre Rome et les Eglises locales. C’est une mission qu’ils accomplissent depuis plusieurs siècles.

Apic: Le fait d’être suisse a-t-il facilité votre travail?

JCP: Je suis avant tout catholique. La nationalité est au sein de l’universalité de l’Eglise juste une part de l’identité d’un diplomate pontifical. Il est certain que la neutralité, la structure démocratique et le fédéralisme de la Suisse donnent un arrière-plan qui m’a aidé à comprendre plus rapidement certains pays, comme l’Allemagne.

Apic: Allez-vous assumer en Suisse, en tant que prêtre, une responsabilité particulière?

JCP: Un évêque ou un prêtre restent, conformément à leurs vœux, prêtre et évêque pour toujours. C’est pourquoi je reste à disposition de ma paroisse d’Estavayer-le-Lac, comme du diocèse de LGF. Je reste également à disposition de tous ceux qui auraient besoin de mon aide, par exemple pour les retraites de groupes. J’ai déjà, à cet égard, fait quelques promesses à des religieux.

Apic: Avez-vous déjà des plans particuliers pour votre retraite?

JCP: Mes plans sont très simples: faire chaque jour ce que j’ai à faire dans la prière, en ma qualité de prêtre. Je vais également lire et continuer à me former, en tant que personne qui a étudié la théologie et notamment le droit canonique. Je compte aussi rencontrer quelques amis que je n’avais pas pu voir depuis longtemps, étant hors de Suisse.

La retraite est l’occasion de se consacrer à la contemplation et au recueillement. C’est une autre façon, non professionnelle, de servir l’Eglise. Dans cette phase de la vie, il faut avant tout considérer ce que le pape Jean Paul II demande dans sa lettre apostolique « Novo Millenio ineunte »: « Notre programme, c’est le Christ ».

Encadré:

Jean-Claude Périsset est né le 13 avril 1939 à Estavayer-le-Lac, dans le canton de Fribourg. Il a étudié à Sarnen, dans le canton d’Obwald et à Fribourg. Il est ordonné prêtre en 1964 à Fribourg. Après quoi il a travaillé en pastorale à Genève. De 1969 à 1971, il a travaillé dans diverses congrégations vaticanes. Il a obtenu son doctorat en droit canonique à l’Université pontificale grégorienne de Rome et a étudié à l’Académie pontificale ecclésiastique. Jean-Claude Périsset est entré en 1973 au service diplomatique du Saint-Siège. Il a travaillé comme collaborateur dans les nonciatures en Afrique du Sud, au Pérou, en France, au Pakistan, au Japon et il a été nonce en Roumanie, en Moldavie et en Allemagne. De 1986 à 1991, il a été official à l’officialité diocésaine de Lausanne, Genève et Fribourg. Il reçut l’ordination épiscopale du pape Jean Paul II, le 6 janvier 1997. (apic/gs/rz)

Des photos de Mgr Jean-Claude Périsset sont disponibles auprès de l’apic au prix de 80.– la première, 60 les suivantes.

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/un-diplomate-est-forme-a-s-adapter/