Rome : Le pape François évoque un échange de courrier avec le président chinois Xi Jinping

Vers une amélioration des relations entre le Saint-Siège et Pékin ?

Rome, 7 mars 2014 (Apic) Dans l’interview accordée au Corriere della Serra le 4 mars 2014, le pape François évoque, parmi d’autres développements, les relations entre la Chine et le Saint-Siège. Il dévoile le fait qu’il a écrit une lettre à Xi Jinping dès son l’élection à la présidence de la République populaire de Chine survenue seulement trois jours après la sienne à la tête de l’Eglise catholique. Le pape révèle aussi que sa lettre a reçu une réponse du dirigeant chinois.

Ce n’est pas la première fois que le pape François s’exprime publiquement au sujet de la Chine : en avril dernier, après le tremblement de terre qui avait frappé une partie du Sichuan, le pape avait prié pour les victimes du séisme et avait transmis à leur attention, via le Conseil pontifical Cor Unum, un don de 30’000 dollars. Le 22 mai, à l’occasion de la Journée de prière pour l’Eglise en Chine – célébrée chaque 24 mai depuis son institution par le pape Benoît XVI en 2007 –, il avait prié pour les catholiques de Chine afin, notamment, que « leurs engagements difficiles aient toujours plus de prix aux yeux du Seigneur ».

Mais, à travers cette interview au Corriere della Serra, c’est la première fois que le pape fait état de « relations » entre la Chine et le Saint-Siège et rend publique l’existence de cet échange de courriers avec le président Xi Jinping. En février dernier, interviewé par L’Avvenire, le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, Pietro Parolin, avait déclaré qu’à la suite de l’élection du pape François, « des signes d’une attention renouvelée envers le Saint-Siège étaient récemment venus de Chine », sans toutefois en préciser la nature.

Des hauts et des bas

Selon Kwun Ping-hung, cité par l’agence Ucanews, l’échange de lettres entre le pape François et le président Xi Jinping signifie que les deux hommes ont le désir d’améliorer les relations. « Mais, après tant de hauts et de bas au cours de ces dernières décennies, la Chine et le Vatican savent très bien jusqu’où l’une et l’autre ne peuvent aller et connaissent les difficultés qui se présentent à eux. L’une et l’autre partie sont très conscientes du fait que la route est encore longue », ajoute ce bon connaisseur du dossier vaticano-chinois.

Le Saint-Siège et Pékin n’entretiennent pas de relations diplomatiques et la chronique d’un éventuel établissement de liens entre les deux entités agite périodiquement les vaticanistes et les spécialistes de la Chine.

En février dernier, après l’annonce surprise de la renonciation du pape Benoît XVI, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, interrogé par un journaliste étranger au sujet du futur nouveau pape, avait répondu par la déclaration habituelle, à savoir que les relations entre Rome et Pékin s’amélioreraient dans la mesure où le Vatican s’abstiendrait de « s’ingérer dans les affaires intérieures chinoises sous prétexte de religion » et romprait les liens entretenus avec Taiwan, tenu pour une province renégate par Pékin.

Le défi de la liberté religieuse

Du côté du Saint-Siège, si le souci a toujours été – et reste – de ne pas « sacrifier » l’Eglise à Taiwan sur l’autel des relations diplomatiques entre Pékin et Rome, le véritable point d’achoppement est la liberté religieuse en Chine populaire. Sur la question, non résolue à ce jour, du mode de désignation et de nomination des évêques, un accord reste à trouver, mais il ne pourra se faire que si le Saint-Siège obtient des garanties de Pékin pour ce qui concerne le lien de communion des catholiques chinois avec l’Eglise universelle et la liberté religieuse. Entre autres choses, la place et le rôle de l’Association patriotique des catholiques chinois, courroie de transmission des volontés politiques du gouvernement sur la partie « officielle » de l’Eglise, sont à définir. (apic/eda/mp)

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