Des chrétiens ne se rencontrent pas régulièrement «de peur de faire l’objet de persécution»

Maroc: Pour le Département d’Etat américain, les minorités religieuses sont sous pression

Rabat, 5 août 2014 (Apic) Alors que les juifs marocains pratiquent leur culte en toute liberté, les autres minorités religieuses sont sous pression au Maroc, où, comme le reste des pays d’Afrique du Nord, l’islam est la religion de l’Etat, affirme le Département d’Etat américain dans son dernier rapport annuel sur la liberté religieuse internationale. Contrairement aux juifs vivant dans le Royaume, les convertis au christianisme et les Bahaïs « évitent de le faire publiquement », rapporte le 4 août 2014 le quotidien marocain « Libération ».

Le site internet du quotidien paraissant à Casablanca, citant le rapport annuel du Département d’Etat américain, relève que des chrétiens disent qu’ils ne peuvent se rencontrer régulièrement « de peur de faire l’objet de persécution ».

Selon ce rapport, plus de 99 % des Marocains sont sunnites, alors que les minorités religieuses (chrétiens, juifs, chiites, bahaïs) constituent moins de 1% de la population. Les juifs vivant au Maroc sont entre 3’000 et 4’000, dont à peu près 2’500 à Casablanca, une centaine à Rabat, une autre centaine à Marrakech, le reste étant dispersé à travers tout le pays. Les citoyens marocains de confession juive pratiquent leur culte en toute liberté et vivent en toute sécurité à travers le pays. Les commémorations juives annuelles sont célébrées partout et les juifs visitent régulièrement leurs lieux de culte et de mémoire, relève le Département d’Etat américain. Il estime également qu’il y a au Maroc entre 3’000 et 8’000 musulmans chiites (dont quelques Marocains), ainsi que 300 à 400 Bahaïs, notamment dans la région de Tanger.

Les chrétiens (protestants, russes orthodoxes, grecs orthodoxes, catholiques) pratiquent théoriquement leur culte en toute liberté. Des « leaders chrétiens estiment qu’il y a probablement 8’000 chrétiens à travers le pays », affirme le rapport, mais d’autres sources, comme l’Aide à l’Eglise en Détresse AED, multiplient ce chiffre par trois. Certains d’entre eux rapportent qu’ils ne peuvent se rencontrer régulièrement « de peur de faire l’objet de persécution ».

Condamnation à mort pour apostasie

Le rapport fait également état de la fameuse fatwa émise en avril dernier par le Conseil supérieur des oulémas dans laquelle il avait fustigé le prosélytisme, le qualifiant de « terrorisme religieux ». Le Conseil des oulémas affirmait dans ce décret religieux que tout musulman qui déciderait de changer de foi ou de croyance pourrait être taxé d’apostat et, par conséquent, être condamné a mort.

Le rapport américain ajoute que plusieurs partis politiques et des organisations des droits de l’Homme ont rapidement dénoncé cette fatwa, tout en soulignant qu’aucune expulsion n’a encore été opérée cette année pour cause de prosélytisme. Mais, au printemps 2010, près de 150 étrangers accusés d’avoir cherché à diffuser la foi chrétienne étaient expulsés du Maroc. Au Maroc, le prosélytisme est une activité sévèrement réprimée par la loi.

Le Département d’Etat déplore ainsi des « abus et discriminations » basés sur la religion. Relayant des témoignages de Marocains convertis au christianisme, il souligne « que le gouvernement ne prend pas de mesures légales adéquates pour mettre fin aux harcèlements » dont ils font l’objet. Les citoyens marocains pratiquant les rites bahaïs considérés comme tenant de l' »apostasie » courent de grands risques et plusieurs membres de cette communauté doivent de ce fait cacher leur appartenance religieuse. (apic/ibc/be)

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