Une pastorale adaptée pour assurer la présence catholique dans les crématoriums
Paris, 27 août 2014 (Apic) La Conférence des évêques de France (CEF) vient de publier un document visant à accueillir et accompagner la crémation, une pratique funéraire qui concerne désormais un Français sur trois. L’Eglise s’efforce d’être au plus près des familles dans les crématoriums, à l’aide d’une pastorale adaptée, rapporte le quotidien français « La Croix ».
Le taux d’usage de la crémation est passé en 30 ans de 0,5% à 30%, en France. La hausse est généralisée en Europe et tout laisse penser que la tendance va se poursuivre. La Suisse est championne en la matière, puisque 90% des défunts choisissent de disparaître par le feu. Le sociologue Arnaud Esquerre indique à « La Croix » que si l’Eglise n’accompagne que les inhumations, sa présence d’ici à quarante ans risque d’être quasi nulle.
C’est à ce défi qu’entend répondre le texte des évêques. Le Père Jacques Rideau, directeur du Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle, qui a participé à la rédaction du texte, explique que l’Eglise doit non seulement donner une réponse à ce phénomène, mais également l’intégrer dans ses pratiques liturgiques. La question est aussi de savoir comment elle doit exprimer sa présence dans les crématoriums.
«Au sein de l’épiscopat français, il existe encore des disparités quant aux positions à adopter vis-à-vis de la crémation, mais il est de la responsabilité de l’Eglise de se situer par rapport à cette pratique », ajoute le Père Jean-Marie Humeau, responsable de la pastorale des funérailles pour le diocèse de Pontoise, et corédacteur du texte.
Les aumôniers en crématoriums dénoncent depuis des années le flou qui règne en la matière, expliquant devant même parfois faire face à l’hostilité des paroisses. «On avance à l’aveugle, à tâtons. On a absolument besoin d’une ligne de conduite», confirme à « La Croix » Véronique Lebreton, responsable de l’aumônerie funéraire pour le diocèse de Pontoise.
Si à la fin du XIXe siècle, l’Eglise s’était opposée à la crémation, elle ne la condamne plus depuis 1963, dans la mesure où elle ne contredit pas l’espérance catholique dans la Résurrection des corps. L’Eglise continue toutefois d’affirmer sa préférence pour l’inhumation, indique le document qui propose des pistes pour la liturgie et l’accompagnement des crémations, notamment un temps d’accueil, puis de lecture de la Parole et de prière, et un envoi. «On laisse, malgré tout, les gens choisir », précise Patricia Duschesne, aumônier du crématorium des Joncherolles, en Seine-Saint-Denis. «Nous écoutons leurs souhaits. Nous ne pouvons forcer leur conscience».
Le document de la CEF stipule ainsi clairement que l’Eglise ne refuse pas la crémation et situe celle-ci après les funérailles à l’église, en même lieu que l’inhumation. Elle précise néanmoins porter un soin particulier à la destination des cendres. « C’est pourquoi les responsables pastoraux ont le devoir d’avertir les familles qu’il y a là un enjeu important pour l’Eglise (ni dispersion ni conservation à domicile mais dépôt en un lieu ‘mémoire’) « , affirme le texte. (apic/cx/rz)
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