Parcours d’un en homme engagé au service du Saint-Siège et de l’Eglise
Rome, 17 octobre 2014 (Apic) Paul VI sera proclamé bienheureux par son successeur François le 19 octobre 2014 et pourrait, de l’avis de certains, être canonisé dès 2015. Pape du dialogue, de l’œcuménisme et de la paix, le pontificat de Giovanni Battista Montini s’est déroulé à un moment charnière de l’histoire du monde.
L’Histoire retiendra notamment son vibrant appel à la paix au siège des Nations unies, son accolade historique avec le patriarche Athënagoras, ou encore son encyclique contestée sur le mariage et la régulation des naissances, Humanæ vitæ. Le pape François, en juin 2013, a insisté quant à lui sur « l’amour pour le Christ, l’amour pour l’Eglise et l’amour pour l’homme » qui animaient Paul VI.
Giovanni Battista Montini est né dans une famille bourgeoise et très catholique de la région de Brescia, dans le petit village de Concesio, le 26 septembre 1897. Son père est directeur du journal catholique local, représentant dans sa province du « Mouvement catholique » et député. Sa mère est quant à elle engagée dans l’association des femmes catholiques de Brescia.
De santé fragile, le futur pape commence ses études chez les jésuites mais finira par passer ses examens en candidat libre. Il rejoint l’association Manzoni, du nom du célèbre auteur italien Alessandro Manzoni, qui rassemble des élèves et des étudiants catholiques. Il lancera une revue baptisée « La Fionda » (la fronde).
En mai 1920, il est ordonné prêtre, sans avoir réellement séjourné au séminaire en raison de sa santé. Une dérogation doit en outre lui être accordée du fait de son âge: le Code de droit canonique prévoit alors que le candidat doit avoir 24 ans révolus. Il part ensuite pour Rome, où il poursuit ses études à l’université pontificale Grégorienne et à l’université d’Etat de La Sapienza. En 1921, il entre à « l’Académie des nobles ecclésiastiques » – l’école des nonces – et trois ans plus tard au service diplomatique du Saint-Siège après avoir passé quelques mois comme attaché de nonciature en Pologne.
Engagé auprès de la Fédération universitaire catholique italienne, l’abbé Montini va vite gravir les échelons au sein de la Secrétairerie d’Etat, jusqu’à devenir Substitut en 1937, aux côtés du Secrétaire d’Etat de l’époque, le cardinal Eugenio Pacelli, futur Pie XII (1939-1958). C’est avec cette charge importante que Mgr Montini aborde la Seconde Guerre mondiale et deviendra même, pendant de longues années, le plus proche collaborateur du pape après la mort en 1944 du cardinal Maglione, à qui Pie XII ne nomme pas de successeur. En 1952, Pie XII nomme Mgr Montini pro-secrétaire d’Etat, en compagnie de Mgr Domenico Tardini. Les deux hommes ont en effet refusé la barrette de cardinal.
Deux ans plus tard, Mgr Giovanni Battista Montini est nommé archevêque de Milan. A la mort de Pie XII, certains cardinaux pensent à le placer sur le siège de Pierre, même s’il ne fait pas partie du collège cardinalice. C’est le patriarche de Venise, Angelo Roncalli, qui est élu sous le nom de Jean XXIII (1958-1963). Celui-ci, lors du premier consistoire de son pontificat, en décembre 1958, crée Montini cardinal. Il prend immédiatement part à la préparation du Concile Vatican II (1962-1965) annoncé par le pape en janvier 1959.
En juin 1963, le cardinal Montini est le favori pour succéder à Jean XXIII qui vient de s’éteindre. Il est élu le 21 juin, au sixième tour de scrutin. Il a 65 ans. Il prend alors le nom de Paul, en hommage à l’apôtre voyageur saint Paul et au pape Paul V (1605-1621) qui avait mis en application les décrets du Concile de Trente (1545-1563). C’est tout un programme pour ce pape qui sera le premier pontife de l’époque contemporaine à voyager hors d’Italie et doit clore les travaux du Concile Vatican II puis mettre ses directives en application. En septembre 1963, il ouvre ainsi la deuxième session du concile. Il le portera jusqu’à son terme.
Son premier voyage le mène à Jérusalem, en janvier 1964, où a lieu l’accolade historique avec le patriarche orthodoxe Athénagoras. Une bonne partie de ses neuf voyages dans près d’une vingtaine de pays vont le conduire dans le Tiers monde, comme à Bombay fin 1964, en Colombie en 1968, en Ouganda en 1969 et l’année suivante dans plusieurs pays d’Asie dont les Philippines où il échappe à une tentative d’assassinat. L’un de ses plus célèbre déplacements reste son voyage au siège des Nations unies, à New York, en 1965, et ses paroles: « Jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! C’est la paix, la paix, qui doit guider le destin des peuples et de toute l’humanité ! »
Le 25 juillet 1968, Paul VI promulgue l’Encyclique Humanæ vitæ, sur le mariage et la régulation des naissances. Les réactions sont très vives, y compris dans le monde catholique. Beaucoup s’attendaient en fait à ce que le texte en préparation depuis 1965 autorise la contraception mais le pape, seul, a tranché dans le sens inverse. Critiqué sur sa gauche pour ce choix d’autorité comme pour la réaffirmation du célibat sacerdotal, il est aussi contesté sur sa droite, en particulier pour l’application des réformes du concile. C’est lui, en juillet 1976, qui frappe d’une « suspense a divinis » le Français Mgr Marcel Lefebvre, chef de file des traditionnalistes.
Au cours de son pontificat, Paul VI réforme la liturgie et encourage le renouveau charismatique catholique, qu’il considère comme une chance pour l’Eglise. Il est à l’origine, au sortir du concile, de la création du Secrétariat pour l’unité des chrétiens et du Secrétariat pour les non-croyants, l’ancêtre du Conseil pontifical de la culture, ainsi que de l’institution du Synode des évêques.
Ce pape, l’avant-dernier souverain pontife italien du 20e siècle, est un acteur incontournable de la vie politique de la péninsule. Au moment où il lance l’Ostpolitik pour améliorer le sort des catholiques vivant dans les pays communistes, Paul VI bloque toutes les tentatives du Parti communiste italien pour accéder au pouvoir en s’alliant avec la Démocratie chrétienne.
Agé de 80 ans et souffrant d’arthrose, le pape va vivre ses derniers jours presque toujours allongé. Il est victime d’une crise cardiaque, le 6 août 1978 en fin de journée, dans sa résidence d’été de Castel Gandolfo. (apic/imedia/ami/pp)
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