Lausanne : 16e Journée de la presse paroissiale avec Philippine de Saint-Pierre directrice générale de KTO

«Nous ne voulons pas être des cathos frileux !»

Lausanne, 20 octobre 2014 (Apic) Pour Philippine de Saint-Pierre, directrice générale de la télévision catholique francophone KTO, les médias catholiques auraient tort de ne pas afficher clairement leur couleur pour se fondre dans le courant. Invitée lors de la 16e journée de la presse paroissiale le 18 octobre 2014 à Lausanne, elle a souhaité voir se développer dans les médias catholiques la culture de la rencontre chère au pape François et la capacité à rejoindre les gens éloignés de l’Eglise.

Les catholiques seraient-ils des agneaux au milieu des loups médiatiques ? Philippine de Saint-Pierre réfute d’emblée cette image biblique. «L’Eglise est communication par nature. Elle est là pour communiquer la Bonne Nouvelle dont nous voulons vivre. Nous ne voulons pas être des cathos frileux dans un monde où nous n’aurions pas notre place».

Frileux, le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, ne l’était certainement pas au moment où il a fondé en 1999 la télévision catholique KTO, sur le modèle des évangéliques américains. La chaîne catholique a fait son chemin depuis et trouvé sa place dans le paysage médiatique. Si Mgr Lustiger a fait cavalier seul au départ, aujourd’hui le soutien général de l’épiscopat français est acquis à KTO.

Une vision de l’homme

Face à un nombre incalculable de chaînes TV, il est important que le public identifie dans les 30 secondes qu’il se trouve bien ›chez les cathos’, insiste Philippine de Saint-Pierre. «Aujourd’hui, selon nos estimations, KTO compte cependant 1/3 de spectateurs non-catholiques et ¼ de non-chrétiens. Ces spectateurs veulent en savoir plus sur l’Eglise et la foi, ou simplement sur notre vision de l’homme.» Dans un monde télévisuel toujours plus régi par l’amusement, la dérision et la consommation, KTO répond à des besoins criants, estime sa directrice générale. Le premier besoin est celui de l’échange constructif, du débat, du dialogue, au-delà des polémiques. Le déchiffrement du patrimoine chrétien sur lequel l’Europe est largement bâtie est le deuxième de ces besoins. Viennent ensuite l’information religieuse et la formation chrétienne qu’il s’agit de faire dans un langage compréhensible. En un mot, KTO cherche à répondre à une demande de sens et d’espérance.

Trois axes de travail

Dans sa ligne éditoriale KTO s’est donné trois axes. Le premier est d’accompagner les croyants isolés et les petites communautés, notamment dans leur vie de prière, par la retransmission des vêpres et du chapelet ainsi que des événements d’Eglise comme les Journées Mondiales de la Jeunesse, les voyages du pape ou les cérémonies au Vatican.

Donner à voir la diversité des visages de l’Eglise et renforcer l’espérance face au «tout va mal» dominant à l’heure actuelle constitue le deuxième axe de KTO. «Nous voulons être là où ça bouge et lutter contre la morosité finalement anti-chrétienne. Tout cela sans décerner de ›brevet de catholicité’, ni coller d’étiquettes qui ne sont utiles que sur les bouteilles de vin», note Philippine de Saint-Pierre. Cette volonté passe notamment par la production d’une quarantaine de documentaires par an.

L’éclairage sur les questions actuelles dans l’Eglise et la société est le troisième axe des programmes de KTO. Philippine de Saint-Pierre s’attache beaucoup à cette culture du débat. «Nous invitons aussi bien les francs-maçons que les communistes. Ce qui suscite pas mal de critiques. Mais si elles sont équilibrées entre les deux bords, nous sommes sur la bonne voie.»

Libéré de la contrainte de plaire

Financé à 85% par les dons du public, KTO n’est pas une chaîne commerciale. «Nous sommes libres de la contrainte de plaire qui amène à rétrécir. Nous pouvons être dans une logique de proposition, au risque de troubler parfois le téléspectateur.»

KTO n’a évidemment pas laissé de côté les nouveaux outils comme Youtube et les réseaux sociaux. Dans ce domaine, la philosophie de Philippine de Saint-Pierre est simple: «Plus on partage, plus on gagne. Les changements techniques ouvrent des perspectives nouvelles, vers plus choix, de propositions, de libertés, de facilités, y compris pour les ›petites’ réalités paroissiales, par exemple.»

KTO a depuis longtemps dépassé les frontières hexagonales pour rejoindre les catholiques francophones dans le monde entier. Depuis deux ans, la chaîne fait une percée remarquée en Suisse romande, estime Philippine de Saint-Pierre. Elle se base sur le courrier et les dons reçus, KTO n’ayant pas les moyens d’effectuer de coûteuses études d’audience. La chaîne est présente sur la plupart des opérateurs du câble.

#KTO en chiffres

Basée à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne, la chaîne de télévision KTO repose sur une base associative indépendante de l’Eglise. «Nous ne sommes pas rattachés à un diocèse ou à une congrégation, mais nous reconnaissons l’autorité du magistère et un évêque est délégué par la Conférence des évêques de France au sein de notre conseil.»

«Nous vivons à 85% des dons du public. Les recettes commerciales par la vente de nos produits et la publicité à l’antenne représentent environ 10%. Aucun fonds ne provient de l’Eglise de France. Depuis trois ans maintenant, nos comptes sont équilibrés», explique Philippine de Saint-Pierre. Le budget global frôle aujourd’hui les 9 millions d’euros.

La chaîne occupe 67 personnes de 20 métiers pour 54 équivalents plein-temps, dont une quinzaine de journalistes. Elle produit 5h30 d’émission par jour. «Nous sommes une chaîne de TV ›low cost’. Mais nous répondons aux standards professionnels et nous avons une expertise reconnue dans le paysage médiatique français», conclut la directrice générale.

16e Journée de la presse paroissiale

Plus de 80 personnes venant de l’ensemble de la Suisse romande avaient répondu à l’invitation des éditions St-Augustin pour la 16e Journée de la presse paroissiale. Membres des rédactions locales de l’une des quelque 55 éditions régionales du bulletin «Paroisses Vivantes», les participants ont pris le temps de l’échange et de l’information sur l’avenir de ce média de proximité.

Dès l’an prochain, le dossier romand qui forme le cahier central du bulletin sera enrichi et développé sous six angles différents. «Aujourd’hui les lecteurs attendent davantage de valeur ajoutée et d’éléments d’analyse», a commenté Claude Jenni, secrétaire de rédaction.

L’autre axe de développement concerne le site internet sur lequel les paroisses pourront aussi placer leurs informations et leurs reportages.

(apic/mp)

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