Gaza: La délégation suisse frappée par les difficultés de la population à survivre

Gaza/Behtléem, 12 janvier 2015 (Apic) Plus de 100’000 personnes sont sans abri à Gaza, dans des températures qui approchent le zéro degré durant la nuit, alors que les gens vivent dans des maisons détruites ou sans fenêtres. «Déjà trois bébés sont morts de froid. La population de Gaza fait face à une véritable catastrophe humanitaire», a déclaré à l’Apic le 12 janvier l’évêque de Bâle, Mgr Felix Gmür, qui rentrait de Gaza en compagnie d’Erwin Tanner, secrétaire général de la Conférence des évêques suisses (CES).

En visite de solidarité avec les chrétiens de Terre sainte du 10 au 15 janvier, Mgr Gmür et Erwin Tanner sont en Terre Sainte dans le cadre de la «Coordination pour la Terre Sainte». Cette année, 15 délégués de Conférences épiscopales nationales provenant de 11 pays d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Afrique du Sud visitent des points chauds en Israël, à Jérusalem et dans les Territoires palestiniens occupés.

Les jeunes Gazaouis se demandent quel sera leur avenir

La délégation a rencontré des difficultés de la part des Israéliens pour entrer dans la bande de Gaza, car ses membres n’ont pu passer les contrôles à Eretz qu’en petits groupes. Si Mgr Gmür a pu entrer vers 9h00 dimanche matin, Erwin Tanner n’a pu se rendre dans la paroisse latine de la Sainte Famille qu’après 16h00. Seule paroisse catholique de Gaza, elle compte moins de 200 fidèles.

«A l’instar de l’ensemble de la population gazaouie, les jeunes âgés de 16 à 35 ans n’ont généralement pas la possibilité de sortir du territoire. Les jeunes de Gaza n’ont pas de contact avec l’extérieur et se demandent quel sera leur avenir», relève Erwin Tanner.

Les délégués suisses ont été frappés par l’ampleur des destructions causées par la sanglante guerre qui a fait, en juillet et août derniers, plus de 2’000 morts, la plupart des civils, dont quelque 500 enfants. «La population a des difficultés à survivre. Les gens vivent dans les maisons détruites, en se protégeant avec des toiles. Ils n’ont pas de chauffage et l’électricité n’est disponible que pendant quatre heures. C’est horrible, il y a des gens qui sont en danger de mort!», martèle l’évêque de Bâle. Le Catholic Relief Service américain s’active à reconstruire des habitations provisoires, mais c’est de loin pas suffisant, note-t-il.

Difficulté des élèves à se concentrer, les bombardements pourraient reprendre à tout instant

Visitant l’école de la Sainte-Famille, qui reçoit 600 élèves, dont seulement 80 sont des chrétiens, la délégation a vu que les élèves doivent étudier sans chauffage, dans le froid. «Ils ont de la difficulté à se concentrer, car ils pensent que les bombardements pourraient reprendre à tout instant, note Erwin Tanner, car la situation est loin d’être stabilisée».

Une fillette de l’école a déclaré à la délégation: «ils ont détruit nos maisons, mais surtout ils ont enlevé les enfants à leurs mères et les mères aux enfants». Un garçon plus âgé a insisté: «Tous viennent ici pour nous demander si nous avons besoin de nourriture et d’autres aides matérielles. Mais nous avons besoin de la seule chose que personne ne nous promet: être considérés comme des hommes, reconnus dans leur dignité».

«La population a aussi besoin de notre soutien moral!»

L’économie de la Bande de Gaza fonctionne au ralenti et les travaux de reconstruction sont très lents. En effet, les Israéliens bloquent l’acheminement des matériaux de construction sous prétexte que les Palestiniens pourraient reconstruire des tunnels.

Sur place, les Eglises maintiennent leurs écoles – qu’elles veulent gérer selon des principes chrétiens de paix et de cohabitation -, en refusant la séparation des sexes, comme cela se fait dans l’enseignement public à Gaza. «Ces écoles veulent que les écoliers apprennent à vivre ensemble… Des chrétiens nous ont dit craindre que l’on impose la séparation des filles et des garçons dans ces écoles, que l’on restreigne encore plus la manifestation des signes chrétiens, qui sont déjà de plus en plus exclus de la sphère publique», souligne Erwin Tanner.

Pour le secrétaire général de la CES, la population musulmane à Gaza vit avec la petite minorité chrétienne «l’une à côté de l’autre», mais au niveau des hiérarchies religieuses, les contacts sont plutôt rares. «La population n’a pas seulement besoin de notre aide matérielle, insiste-t-il, elle a aussi besoin de notre soutien moral!» (apic/be)

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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