Fallait-il vraiment un nouvel évêque?

Samedi matin, en cuisine. Pour une fois je me tiens à la disposition de mon épouse. Petite réception entre amis. Je calcule le temps de cuisson en regardant l’heure affichée à l’écran de mon téléphone intelligent. Tiens, l’électronique m’indique un courriel reçu: Nouvel évêque sur LGF! Je lâche un juron; la cuisine se fera toute seule. Il n’est déjà plus temps d’aller à la conférence de presse. L’affaire paraît compromise pour le journaliste, place au cuistre.

Ce serait tout de même bien si je pouvais me dédoubler, engager un mari auxiliaire accompagnant mon épouse lorsque le devoir m’appelle à fréquenter les mondanités catholiques, et les réunions qui avancent lentement à reculons, et les rendez-vous qui ne débouchent sur rien sinon du temps perdu. Et encore, je ne suis pas évêque, ni curé d’ailleurs. Imaginez-les, les pauvres, en plus de l’ordinaire d’un travail de service, ils se trouvent dans l’obligation d’honorer toutes les invitations. S’ils délèguent le concert de la chorale au vicaire, nos mauvaises langues se délient: «Pourtant, Monsieur le curé a participé au loto de la fanfare; il faut croire qu’il nous apprécie moins qu’eux; on aurait dû servir de la bière.»
Lorsque les fidèles organisent, ils veulent le curé; les paroisses, elles, espèrent une mitre, quand les diocèses ou les abbayes territoriales rêvent d’une tiare pour honorer tel jubilé. Comme si la couronne importait plus que la Présence Réelle. Mgr Morerod confiait à quelques journalistes fribourgeois qu’il était malheureux de constater dans notre monde-internet que les fidèles connaissent souvent mieux leur pape que leur curé. Voilà nos mondanités catholiques qu’un autre a vertement critiquées.

Dans le même ordre d’idées, il me semblait que les fidèles ont leurs prêtres et ces prêtres leur évêque. En ont-ils besoin de deux, de trois? Si l’évêque devait être pour le peuple, pour l’évangélisation, alors pourquoi pas douze pasteurs mitrés par diocèse? Pour répondre au commentaire du Père Godel, oui, c’est bien d’avoir un évêque, et oui cet évêque-ci paraît très bien. Mais est-ce une bonne impulsion donnée à nos mondanités catholiques? A la surcharge épiscopale, le dédoublement de l’évêque s’avère être une première réponse; une autre serait d’opposer un refus aux excessives sollicitations, cette dernière mériterait d’être plus souvent envisagée.

Peut-être suis-je rabat-joie, mais je ne souhaite pas la venue du pape à St-Maurice en 2015, un auxiliaire cardinal suffira. Si nous voulons voir François, Rome n’est pas loin… et que celles et ceux qui désirent prier avec «Monseigneur Hors-les-murs» sachent que tous les chemins mènent à Fribourg.

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