Incroyable! Mercredi matin la télévision italienne dresse la cote cardinalice des premiers tours de scrutin. Scola vire en tête, suivi de près par Dolan, puis Scherer et Schönborn. Des cardinaux auraient-ils déjà trahi le secret qu’ils avaient hier promis de tenir sur les saintes écritures? Y aurait-il un espion dans la Sixtine? Ou alors une fabulation journalistique… La réponse est tombée à 19h06: Habemus papam… Bergoglio.
Qui? Dans la foule de parapluies colorant la place Saint-Pierre, à l’annonce des prénoms du cardinal, un homme devance nos esprits perdus d’étonnement en criant «Bergoglio».
Qui, un italien? Mais cette question est balayée par une forte clameur à l’annonce de «Francesco». On était déjà surpris par la blancheur de la fumée, attendue mais inespérée. Pourtant la foule est au rendez-vous, les parapluies se ferment bravant la pluie. Il faut quelques minutes pour que la nationalité du nouveau pape circule parmi les fidèles. C’est un Argentin, un jésuite, et c’est François, pas François 1er, mais François tout court, tout humble, un papable en 2005, mais une surprise aujourd’hui.
«Viva il Papa!»; «Francesco, Francesco, Francesco,…» Le nouveau pape était déjà adopté par les romains, après l’annonce, il l’est encore plus désormais par l’importante présence sud-américaine sur la place Saint-Pierre.
«Frères et Soeurs, bonsoir!
Vous savez que la tâche du Conclave était de donner un Evêque à Rome. Il semble bien que mes frères Cardinaux soient allés le chercher quasiment au bout du monde… Mais nous sommes là… Je vous remercie pour votre accueil.»
– Une entrée en matière avec humour, la foule est aux anges.
«Et tout d’abord, je voudrais prier pour notre Evêque émérite, Benoîts XVI. Prions tous ensemble pour lui afin que le Seigneur le bénisse et la Vierge le protège.»
– «Notre Père», «Je Vous Salue Marie», «Gloire au Père»; la foule est en prières.
«Et maintenant, initions ce chemin: l’Evêque et le Peuple. Ce chemin de l’Eglise de Rome, qui est celle qui préside toutes les Eglises dans la charité. Un chemin de fraternité, d’amour, de confiance entre nous. Prions toujours pour nous: l’un pour l’autre. Prions pour le monde entier afin qu’advienne une grande fraternité. Je souhaite que ce chemin que nous commençons aujourd’hui et au long duquel je serai aidé par mon Cardinal Vicaire ici présent, soit fructueux pour l’évangélisation de cette Ville si belle!»
– La foule romaine acclame sont Evêque.
«Et maintenant je voudrais donner la bénédiction, mais auparavant, auparavant – je vous demande une faveur: avant que l’Evêque bénisse le peuple, je vous demande de prier le Seigneur afin qu’Il me bénisse: la prière du peuple, demandant la Bénédiction pour son Evêque. Faisons cette prière en silence de vous tous sur moi.»
– Profond silence, à peine perturbé par un faible «Viva il Papa» isolé, et un pape qui s’incline vers ses fidèles.
«Maintenant je vais donner, à vous et au monde entier, à tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, la Bénédiction.»
– Signes de croix.
«Frères et Soeurs, je vous laisse. Grand merci pour votre accueil. Priez pour moi et à bientôt! Nous nous reverrons rapidement: demain je veux aller prier la Vierge pour qu’Elle protège Rome tout entière. Bonne nuit et bon repos!»
– Et déjà le monde n’a plus l’air comme avant. On redécouvre comme un goût de Royaume de Dieu.
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