«Le pape François n’a jamais eu l’intention de dissoudre la garde suisse»

Rome, 17 février 2015 (Apic) «Le pape François n’a jamais eu l’intention de dissoudre la Garde suisse», a assuré le 16 février 2015 Christophe Graf, le nouveau commandant du corps militaire. Dans un entretien accordé à l’agence I.MEDIA, le Lucernois de 53 ans n’écarte pas vraiment les critiques de sévérité à l’encontre de son prédécesseur, Daniel Anrig, que le pape a choisi de ne pas reconduire. S’il assure le caractère primordial de la discipline, le nouveau commandant de la Garde suisse pontificale confie qu’il faut «aimer les gens pour pouvoir les conduire».

Arrivé comme hallebardier en 1987, Christoph Graf a gravi tous les échelons en 28 années de service. Devenu sergent-major en 2000, il est ensuite devenu capitaine, puis vice-commandant. Nommé le 7 février dernier à la tête de ce corps de 110 hommes, il assure que la baisse du nombre de catholiques en Suisse constitue «un vrai problème» pour le recrutement d’hommes prêts à servir le chef de l’Eglise catholique.

Comment s’est passée votre première semaine de commandement ?

Il y a d’abord les journalistes qui cherchent à me voir ! Et puis j’ai plus de documents à signer sur mon bureau en raison de mes nouvelles responsabilités, je dois aussi étudier plus de dossiers. Mais je passe autant de temps au bureau et je cherche à rentrer assez tôt à la maison pour être en famille. Rien n’a vraiment changé !

Qu’est-ce que le pape François a demandé de changer après avoir choisi de ne pas reconduire votre prédécesseur ?

Il n’a rien demandé ! Pour lui, ce changement était normal, il ne m’a donc rien demandé de changer à la garde, ni dans son style, ni dans son organisation.

D’aucuns ont écrit qu’il souhaitait fermer la Garde suisse…

Ce sont des idées de journalistes ! Le pape a de l’estime pour la Garde suisse et il n’a jamais eu l’intention de la dissoudre.

Vous, en revanche, ressentez-vous le besoin de changer quelque chose dans la façon de commander?

Je dois d’abord remercier le commandant sortant, Daniel Anrig, qui a laissé une garde suisse bien organisée et qui fonctionne. Si je ne dois rien changer de particulier, je pense en revanche que les gardes doivent se sentir ici un peu comme chez eux. Ces garçons viennent pour un service volontaire. Pendant deux ans au moins, ils sont loin de leur famille, de leurs amis, de la Suisse, et il me semble important qu’ils se sentent bien ici. Nous sommes une communauté, une grande famille, et c’est ce qui me semble important.

Votre prédécesseur a parfois été critiqué pour sa trop grande sévérité, sa distance avec les hommes… Est-ce cela qui doit changer?

J’ai certainement une autre attitude à l’égard des gardes. Je dis toujours qu’il faut aimer les gens pour pouvoir les conduire. Ce ne doit pas rester des mots, mais cela doit venir du fond du cœur. Lorsque l’on se comporte ainsi, on peut ressentir la proximité des gardes, qui te donnent aussi quelque chose à leur tour. S’ils sentent que tu les apprécies, alors ils répondent de la même façon. Je dois également dire, cependant, que nous sommes un corps militaire et que la discipline est nécessaire! Il n’y a rien à faire: respecter les règles est le plus important. Si les garçons suivent les règles, on peut alors aussi être plus humains.

 En Suisse, le nombre des catholiques pratiquants ne cesse de baisser. N’est-ce pas un problème pour le recrutement des hommes?

C’est un vrai problème. Et puis certains arrivent parfois à la garde avec une foi très faible. Je crois que c’est un beau défi pour notre aumônier, mais aussi pour nous, les officiers ! Ce n’est pas seulement le rôle de l’aumônier. Nous devons nous aussi donner l’exemple en vivant les valeurs de la foi. Certains garçons peuvent alors s’ouvrir et trouver la foi, et ils rentrent chez eux en catholiques pratiquants, en véritables missionnaires.

 La garde compte 110 hommes. Est-il nécessaire d’augmenter le nombre des gardes face à l’augmentation du service?

Notre service est un peu plus intensif depuis que le pape réside à la Maison Sainte-Marthe. Nous avons plus d’heures de service, mais nous avons aussi un peu réduit notre service dans le Palais apostolique, pour trouver l’équilibre. Les gardes travaillent toujours beaucoup et font pas mal d’heures supplémentaires. De longue date nous demandons à augmenter le nombre des gardes, mais pour l’heure, au Vatican, il y a un arrêt des embauches en général.(apic/imedia/ami/rz)

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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