Le «credo» de Martin Luther King

Il y aura cinquante ans le 28 août, le discours qui a bouleversé l’Amérique.

En 1863, Abraham Lincoln, président des Etats-Unis, proposait un programme d’émancipation, de liberté et d’égalité des droits civiques de la population noire. Un siècle plus tard, le 28 août 1963, devant l’inertie d’une large partie de la population américaine, surtout dans le Sud, le Pasteur Martin Luther King prononçait à Washington le discours le plus célèbre de l’histoire des USA. On n’oubliera pas, cependant, que le 26 juin de la même année, dans une atmosphère extrêmement tendue entre l’Est et l’Ouest, John F. Kennedy avait lancé lors d’un voyage à Berlin, en allemand, le fameux: «Ich bin ein Berliner!». Bonjour l’ambiance.

 

Les deux hommes paieront de leur vie l’audace de leurs options. Kennedy tombait sous les balles d’un tireur solitaire lors d’une visite à Dallas le 22 novembre 1963. Martin Luther King, Prix Nobel de la Paix en 1964 et engagé vigoureusement contre la guerre du Vietnam, était assassiné à son tour le 4 avril 1968 à Memphis. On pourrait citer d’autres noms de ces tragédies de la vie publique. Retenons celui de Gandhi, guide spirituel et politique de la jeune nation indienne, éliminé par un fanatique hindou le 30 janvier 1948.

 

De tous ces événements émerge cependant le discours de Martin Luther à Washington, et notamment le «rêve», qui revient à plusieurs reprises comme une profession de foi dans sa vision de l’avenir. Il utilise d’ailleurs explicitement le mot de «credo» (creed en anglais): «Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo: ›Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux’». Il ajoutait un propos que nous pourrions appliquer à d’autres pays de la planète – on pensera surtout, à l’heure actuelle, aux terribles souffrances de la Syrie: «Je rêve que, un jour, tout vallon sera relevé, toute montagne et toute colline seront rabaissés… (…) Telle est la foi que je remporterai dans le Sud. Avec une telle foi nous serons capables de distinguer, dans les montagnes de désespoir, un caillou d’espérance.»

 

Et puisse-t-on enfin, dans tous les pays du monde où règnent encore la violence, la haine et la vengeance, réentendre les paroles du «spiritual» repris par Martin Luther-King au terme de son discours: «Libres enfin! Libres enfin! Merci Dieu tout-puissant, nous voilà libres enfin».

 

Albert Longchamp sj

 

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