Apocalypse non!

Chic. Génial. On va mourir. Sûr de sûr. Tous ensemble. Le 21 décembre très exactement. Boum. Fini la Terre. Le monde s’écroule. Préparez les mouchoirs. Au diable les bougies, les sapins, Noël, Marie, le petit Jésus et les angelots. Fini. Puisqu’on vous le dit ! Plus exactement parce que le calendrier maya l’a prévu – ce qui ne paraît pas prouvé, prétendent les savants ! – mais qu’importe, on adore se faire peur. Les frissons, c’est drôle quand on n’a plus rien à se dire. Et qu’il faut surtout en finir avec ce christianisme infantile. Les cataclysmes, c’est tellement plus excitant.

 

Ce matin (1), j’ouvre mon journal, très sérieux. «Le Temps», puisque c’est de lui dont je parle, se fend d’un «Eclairage» sur «Les fins du monde selon la science». A quoi nous attendre? «Engloutissement par un Soleil gargantuesque», prédit l’une des rubriques de ces pages prophétiques. Pour vous consoler, si la probabilité du cataclysme s’élève à 100%, ne laissant aucune chance à notre petite Terre et, partant, à l’ensemble de l’humanité, la date prévue pour l’apocalypse nous amène à 4,8 milliards d’année: le temps de voir venir! Vous êtes pressés? Pas de problème! Un bel «hiver nucléaire» fera l’affaire. L’extinction de la race humaine est à la portée de nos apprentis-sorciers.

 

Oui, je sais, j’ironise. J’ai mes raisons. Pourquoi ameuter le peuple et, dans le même mouvement, déplorer les dépenses somptuaires de Noël, dénoncer les beuveries du Nouvel-An, se gausser de la soif de divertissement, se montrer indifférent à l’écologie de la planète, à la pauvreté, à la souffrance? Pourquoi railler l’espérance qui n’implique pourtant, comme l’écrit Jean-Claude Guillebaud, «ni aveuglement ni sotte crédulité» (2)?  Qu’on nous laisse donc aimer la Vie! Et son créateur. Et notre humble bonheur.

 

Albert Longchamp

Portail catholique suisse

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