Bénédiction: dire du bien

Abbé Nicolas Betticher

La messe est dite: je suis sur le parvis de l’église et je salue les nombreux paroissiens. Que du bonheur. Des fidèles qui viennent de recevoir Jésus Eucharistie et qui retournent dans leur vie, les batteries spirituelles rechargées. Que du bonheur.

Au moment de retourner à la sacristie, une personne m’interpelle: bénissez-moi, mon Père. Je me tourne et vois une femme, le regard empli d’espérance. Oui, lui dis-je! Avec joie! Et je la bénis, je trace le signe de croix sur son front. Je sais qu’elle est aimée du Seigneur, au-delà de tout. Je rends grâce pour cela.

Et voici mon amie, me dit-elle. Acceptez-vous de la bénir aussi? Nous vivons ensemble.

Pas besoin d’en dire plus. J’ai compris.

Je m’approche d’elle. Je la bénis. Je trace le signe de croix sur son front.

Comme le pape François, je me dis, qui suis-je pour juger?

Et les deux femmes se tiennent devant moi, me remercient. Je vois de la joie dans leurs yeux, de la vraie joie.

Il n’y a pas eu de mariage, pas de sacrement, pas de reconnaissance d’un couple homosexuel, pas de scandale public, personne n’a été heurté. Il y a eu simplement du cœur à cœur entre Dieu et chacune de ces deux femmes. Leur conscience est éclairée. Elles savent que l’Eglise ne souhaite pas leur vie à deux qu’elles ont pourtant décidée de vivre. Et elles sont là, en Eglise. Et elles veulent dire du bien (bene dire, bénédiction) à Dieu pour l’amour qu’elles disent vivre, en vérité.

Qui suis-je pour juger?

Quand je rentre chez moi, je vois dans les médias les très nombreux reportages sur ce curé en Suisse alémanique qui a béni un couple de femmes homosexuelles. Son évêque veut le faire partir. Des paroissiens le soutiennent. Le sujet est porté sur la scène nationale, comme pour en faire un étendard de victoire: de qui, sur qui?

La communication autour de cette affaire montre notre faiblesse à dire humblement que nous n’avons pas le monopole de la vérité, mais que Dieu seul est tout, que LUI seul est la Vérité, Vérité d’amour et de miséricorde authentique comme nous le rappelle, tous les jours, le pape François! Dieu seul connaît la personne en profondeur. Lui seul peut juger, avec amour et charité.

Oui, il y a la doctrine, le Magistère, le droit canonique. Mais tout ministère doit être au service des âmes, en vérité, comme le rappelle si humblement le dernier canon (article) du Code de droit canonique. Il y a toujours un chemin pastoral qui permet de respecter toutes les Vérités qui nous sont confiées par Dieu.

Ce soir j’ai la certitude d’avoir été profondément prêtre, instrument du lien intrinsèque entre Dieu et les hommes et les femmes, un instrument au service du Dieu qui aime! Tous les êtres humains!

Qui suis-je pour juger?

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