La Fête-Dieu, qui sera célébrée cette année le 19 juin, revêt un caractère très particulier dans les régions traditionnellement catholiques. De Savièse à Appenzell, en passant par Lucerne, le canton de Fribourg ou Le Landeron (Neuchâtel), la Cité catholique sort tout ce qu’elle compte de traditions populaires pour rendre gloire à Dieu. L’espace d’un jour, elle devient une « cathédrale ouverte sur le ciel », selon l’expression de l’ancien vicaire général de Lausanne, Genève et Fribourg, Nicolas Betticher.
Jeunes filles portant le costume avec la coiffe appelé «Kränzlitracht», lors de la procession de la Fête-Dieu à Düdingen dans la Singine (canton de Fribourg) en 2011 (Photo: Sensler Museum / Franziska Werlen)
A Savièse, elle est organisée tour à tour par chaque village de la commune sur la base d’un tournus de cinq ans. Le défilé se met en marche, augmenté des « tsanbrides » (groupe d’enfants), et se rend à l’église, où est célébrée la grand-messe. La procession est le point culminant de la journée. « Les grenadiers rythment le pas. Autour du Corps du Christ, présenté dans l’ostensoir par le curé, hommes, femmes et enfants participent à un événement religieux, traditionnel et culturel à nul autre pareil », indique sur son site internet la Fondation Bretz-Héritier, qui s’est donné pour but de préserver le patrimoine saviésan.
Dans la partie alémanique du canton de Fribourg, en Singine, des autels temporaires sont aménagés sur le parcours de la procession de la Fête-Dieu. Dans beaucoup de paroisses, le port du costume souligne l’aspect festif de la procession. C’est principalement pour la Fête-Dieu que des groupes de filles portent le costume avec la coiffe appelé « Kränzlitracht ». A Düdingen, la procession compte aussi une société en uniformes militaires anciens.
En Appenzell Rhodes Intérieures a lieu une procession baroque très colorée. L’ostensoir contenant l’eucharistie est porté par un prêtre qui défile à l’abri d’un dais tenu par des ecclésiastiques et sous l’escorte des « Grenadiers de Dieu ». Le défilé est formé de tour ce que le canton compte de groupes traditionnels. Le groupe des femmes en costumes est particulièrement impressionnant tout comme celui des quinze « Täfelimeedle », vêtues du costume noir et blanc des jeunes femmes non mariées, qui portent chacune une table de bois peinte représentant les quinze mystères du rosaire.
La veille et le jour de la Fête-Dieu, les canonniers tirent de nombreuses salves d’honneur et coups de canon depuis le Gütsch, en dessus de la ville de Lucerne. Ils manifestent ainsi leur déférence au Saint-Sacrement. Le tir avec les trois canons anciens suit des règles militaires strictes. Pendant la procession des fidèles dans la vieille ville, les coups de canon marquent chaque phase et élément du rituel. Les canonniers sont tous catholiques, des soldats de l’armée suisse en activité ou retraités. Pour cette coutume, ils sont organisés en «Confrérie des canonniers de Lucerne». Elle a été fondée en 1850, à une époque où les processions de la Fête-Dieu devenaient des manifestations de représentation de l’Eglise catholique dans la mouvance de la contre-réforme.
A Fribourg, les artilleurs sont à pied d’œuvre dès 6h du matin pour tirer une série de coups de canon, donnant ainsi aux trois corps de musique (La Concordia, la Landwehr et l’Union instrumentale de la Ville de Fribourg) l’ordre de départ pour animer les rues de la ville. Au terme de la célébration de 9h, en plein air, un long cortège rassemblant derrière le Saint-Sacrement les premiers communiants, les fanfares, les groupes traditionnels, les associations d’étudiants ainsi que les autorités ecclésiales, politiques et judiciaires se rend depuis la cour du Collège St-Michel jusqu’à la Cathédrale St-Nicolas.
(Sources: Office fédéral de la culture / Traditions vivantes / www.lebendige-traditionen.ch, Fondation Bretz-Héritier / www.bretzheritier.ch et Apic)
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