L'évangile de dimanche: Etre aimé et croire

Jn 3,14-21 | Marie-Christine Varone

Le discours de Jésus proposé à notre méditation est d’une telle densité qu’il peut nous rebuter. Il convient donc de le lire attentivement et de commencer par repérer les termes qui reviennent plusieurs fois; ils sont tous typiques de la théologie du quatrième évangile.

En fait, Jésus nous offre rien moins qu’une révélation sur Dieu et sur la réponse qu’il attend de l’homme.

Dieu et son dessein

En peu de mots le Christ nous dit l’essentiel sur lui et sur son Père.

En recourant à un épisode de l’Ancien Testament (Nb 21,9), Jésus annonce qu’il doit «être élevé" (14). Ce terme ne renvoie pas à l’Ascension comme c’est le cas dans les évangiles synoptiques, mais bien à la croix, qui dans cet évangile est déjà glorieuse. Autrement dit, Jésus, le Fils du Père (16.17.18) et la Lumière (19.20.21), annonce sa mort et sa résurrection qui constituent le coeur de son oeuvre.

Comme il est le Fils, il connaît de l’intérieur le Père et son amour fou qui consiste à donner (16) et à envoyer (17) à l’humanité (le monde dans ce texte) ce qu’il a de plus précieux: son Fils unique. Ceci dans le seul but qu’elle soit sauvée par lui (17) et accède donc au bonheur et à la communion pour laquelle elle est faite.

La part de l’homme

Le Père n’entend pas sauver l’homme sans sa collaboration, qui, dans l’évangile selon S. Jean, est désignée d’un verbe: croire.

Ce verbe (présent 98 fois dans cet évangile, c’est dire son importance) ne propose pas une adhésion de type intellectuel, comme s’il s’agissait de tenir pour vraies des formules, mais bien l’accueil existentiel de la personne du Christ, le Fils du Père (15.16.18) et de son témoignage.

Cet accueil implique un abandon de soi au Christ et une ouverture à la révélation qu’il apporte tant sur le Père et son dessein de salut, que sur lui-même.

(Dans la seconde partie de son évangile Jean développera l’autre facette de la réponse de l’homme: aimer.)

Le texte nous donne à voir qu’un tel accueil ne va pas de soi. L’homme se trouve sans cesse (il n’y a jamais de choix fait une fois pour toutes ici-bas) devant une option: croire ou ne pas croire, ce qui est lourd de conséquences, puisque le croire donne à l’homme de faire déjà l’expérience de la vie éternelle (15.16) et le non croire déjà celle du jugement (18).

Spontanément, lorsque nous pensons vie éternelle, nous envisageons une vie avec Dieu après la mort. Pour Jean, la vie éternelle, qui consiste en une intimité avec le Père et le Christ (17,3), se déploie déjà dans le coeur du croyant. Celui qui s’ouvre au Christ fait déjà l’expérience d’une communion profonde avec Lui et son Père. Il «vient à la lumière» (20).

A l’inverse, celui qui ne croit pas (18), qui se ferme (il s’agit bien sûr d’êtres à qui la révélation est ou a été proposée) à la Lumière qu’est le Christ, se met déjà comme hors de la vie éternelle et donc de la communion avec Dieu; d’une certaine manière il est déjà jugé pas ses options et son refus. «Il ne vient pas à la lumière» (21).

Le radicalisme de ces deux voies peut heurter. Nous savons trop nos compromissions, et celles de tant de baptisés, avec le «non croire».

Le discours de Jésus nous redit que «croire» ne peut exister et s’approfondir que si le regard sur l’amour du Père qui donne son Fils et sur celui du Fils qui donne sa vie pour nous est réel, de plus en plus émerveillé. La foi devient alors accueil et réponse à ces prévenances follement aimantes de notre Dieu. C’est pour cela que chaque année l’Eglise nous propose, lors de la semaine sainte, de contempler Celui qui a été élevé (14) pour nous. C’est là que l’amour atteint son point culminant. C’est de cette contemplation que se nourrit notre «croire».

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