L'Evangile de dimanche: Nous voudrions voir Jésus

Jeanne-Marie D’Ambly | Jn 12, 20-33

«Nous voudrions voir Jésus». Fraîcheur et simplicité de la demande. Dans sa sobriété elle n’en exprime que mieux le désir. Celui-ci est-il exaucé? Apparemment non: quelques versets plus loin (v. 36), il est dit que Jésus se cache. Mais Jésus parle et sa parole donne à voir.

C’est que dans l’évangile de Jean il y a ›voir’ et ›voir’. Le verbe employé ici n’évoque pas une vaine curiosité. C’est un ›voir’ qui voit au-delà du visible, et conduit à ›croire’. Nous le retrouverons au matin de Pâques, ›il vit et il crut’ sera-t-il dit du disciple bien-aimé pénétrant dans le tombeau vide.

C’est sur ce chemin que la réponse de Jésus entraîne ses auditeurs. Elle donne à voir, au-delà de la mort, la fécondité, ›si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit’. L’échec apparent conduit à la glorification. L’image du grain de blé tombé en terre éveille un voir apparenté à la foi, qui discerne dans le mystère du grain jeté dans la terre, passant au creux de la nuit, le passage de la mort à la vie.

A cette image en répond une autre. Le Fils de l’homme, grain de blé tombé en terre, est élevé de terre. Si la plus petite de toutes les semences devient un arbre où les oiseaux du ciel viennent faire leurs nids (Mt 13,32), combien plus cette semence sainte, le Verbe de Dieu! La mort qui le plante en terre, l’élève aussi de terre. Il est l’Arbre de Vie, dont les fruits sont une nourriture et les feuilles un remède (Ez 47,12). L’Arbre de Vie dont l’ombre protectrice attire tous les hommes. Nos Pères dans la foi l’ont célébré en termes inégalables: ›Cet Arbre, le Christ, qui s’étend aussi loin que le ciel, monte de la terre aux cieux. Plante immortelle, il se dresse au centre du ciel et de la terre: ferme soutien de l’univers, lien de toutes choses, support de toute la terre habitée, entrelacement cosmique, comprenant en soi la bigarrure de la nature humaine, fixé par des clous invisibles de l’Esprit, pour ne pas vaciller dans son ajustement au divin.’ (Pseudo-Chrysostome)

Nous voudrions voir Jésus. Jésus, qui semble ne pas répondre à cette attente, la comble au-delà de ce qu’elle exprime. A qui sait entendre, il donne à voir dans l’événement de sa mort la victoire du Prince de la vie.

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