En 2045, moins d’un Français sur deux sera baptisé

Paris, 4 avril 2015 (Apic) En France, près de 5’000 jeunes et adultes sont baptisés cette année, soit une augmentation de 30% par rapport à il y a dix ans. Pas moins de 3’790 adultes, et 1’011 jeunes de 12 à 18 ans reçoivent le baptême lors des célébrations de la Vigile Pascale et des messes de Pâques.

Mais en 10 ans, l’Eglise catholique de France a aussi perdu près de 100’000 baptêmes d’enfants. Selon une enquête de l’institut Paradox’Opinion pour l’hebdomadaire français La Vie, la cote d’alerte est atteinte.

Les étudiants, qui représentent 17% de l’ensemble des catéchumènes, se sont préparés aux sacrements du baptême, de l’eucharistie et de la confirmation dans le cadre des aumôneries d’université et des grandes écoles. Un catéchumène est un adulte demandant le baptême. Durant le carême, ces catéchumènes se sont préparés au baptême à travers une démarche d’initiation par laquelle ils sont entrés progressivement dans la foi chrétienne et dans l’Eglise catholique.

Baisse brutale des baptêmes depuis les années 1970

L’augmentation spectaculaire, de l’ordre de 50%, du nombre de catéchumènes depuis 2005 ne va certes pas compenser le déclin du nombre de baptêmes d’enfants, mais fait émerger une nouvelle génération de chrétiens, plus actifs et plus conscients dans leur formation spirituelle. Ces baptêmes sont souvent l’aboutissement d’un processus de plusieurs années.

L’enquête inédite de Paradox’Opinion montre cependant qu’en 2045, sur une population estimée à quelque 70 millions d’habitants, moins d’un Français sur deux sera baptisé. Il en va de même pour la courbe des mariages catholiques qui décline plus vite que les unions en mairie. Or, en France, le nombre de baptisés – environ 44 millions – est pratiquement dix fois supérieur à celui des pratiquants. Si le nombre de baptisés est élevé, il cache toutefois une autre réalité, celle de la baisse brutale des baptêmes depuis les années 1970.

Des signes de renouveau

Cette enquête décryptée et commentée est à retrouver dans les pages et sur le site internet de La Vie http://www.lavie.fr, qui consacre également une large place aux signes de renouveau. Si la baisse se poursuit au rythme actuel, sans s’accélérer, le catholicisme sera réduit au rang d’une consistante minorité, relève Jean-Pierre Denis dans La Vie.

Mais le journaliste constate aussi que des signes de renouveau existent. L’hebdomadaire leur consacre plus de pages qu’au constat de déclin. «On observe l’émergence d’une multitude d’acteurs et d’initiatives. On relève la tendance à l’augmentation du nombre d’inscrits dans les aumôneries étudiantes, la franche progression qu’affiche le scoutisme, le succès de festivals, comme Anuncio. Autant d’hirondelles ne font pas encore le printemps mais l’annoncent. Quel plus beau moment que le temps de Pâques pour le dire ?», écrit Jean-Pierre Denis.

L’Eglise demeure trop centrée sur les pratiquants

Il regrette par contre que l’activité de l’Eglise demeure «délibérément, même obstinément» centrée sur les pratiquants, et parmi eux sur les plus réguliers, «autrement dit sur le cercle des convaincus, sans stratégie de reconquête des ‘brebis égarées'».

«Par méprise ou par mépris, par résignation ou par paresse, elle ignore la masse molle et mouvante qui entoure ce noyau dur. Il y a pourtant un immense effort à faire pour ‘réveiller’ ceux que le sacrement a comblé de grâce à leur naissance, mais qui se sont éloignés, qui ont été déçus ou blessés, ou avec lesquels on n’a pas su maintenir le contact, passé le stade du catéchisme ou du mariage».

Une Eglise centrée sur elle-même «tombe malade»

Relevant que pour le pape François, une «Eglise centrée sur elle-même tombe malade», Jean-Pierre Denis  estime que renouveau ne proviendra pas d’un aménagement technocratique des structures, mais d’un changement radical. «L’enjeu principal est clairement la conversion missionnaire de chaque personne et de chaque communauté. La transformation d’une Eglise passive en Eglise écoutante, confessante et évangélique dépasse de très loin le simple aménagement paroissial. Il faut aller du palliatif au prospectif et de la gestion à l’évangélisation». (apic/lavie/com/be)

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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