Le comité d'initiative contre le Centre «Islam et société» se trompe de cible

Bernard Bovigny, Cath-info

Ainsi donc, un comité d’initiative emmené par l’UDC fribourgeoise va entraîner la population contre le Centre «Islam et société». Ce même parti qui dénonce régulièrement les dérives de l’islam radical, en Suisse et surtout dans le monde, s’oppose à un projet qui prône justement le dialogue interreligieux et propose une confrontation saine entre les valeurs véhiculées par l’islam et les principes de notre société occidentale de tradition chrétienne.

Les auteurs craignent, disent-ils, qu’à terme des imans viennent s’y former. Faut-il en déduire que ce comité veut laisser aux centres de formations des pays de tradition musulmane – y compris ceux dont les règles de la vie sociale sont en profond décalage avec notre société – l’exclusivité du cursus de formation des chefs religieux musulmans appelés à diriger des communautés en Suisse? Au contraire, la perspective de voir des imams suivre un cursus dans le Centre «Islam et société» pourrait devenir la meilleure évolution souhaitable, et constituerait une parmi les mesures dont devrait se doter notre pays pour combattre toute forme d’extrémisme. En voulant fermer le Centre par crainte de voir surgir des mouvements islamistes, les auteurs de l’initiative tirent en réalité une balle dans le pied de notre société.

Adopter une attitude de repli et de rejet face aux communautés musulmanes ne contribue en rien – au contraire – au maintien de la paix sociale et religieuse en Suisse. En cette époque où les musulmans constituent déjà une réalité non négligeable de la société, l’accent doit absolument être mis sur le dialogue au niveau religieux et sur la vigilance au niveau politique en vue de faire concilier les valeurs véhiculées par l’islam avec notre Etat de droit. Or, ces buts sont justement poursuivis par le Centre «Islam et société».

C’est clairement un honneur – et c’est en même temps logique- que l’Université bilingue et de tradition catholique de Fribourg accueille au niveau fédéral un tel Centre d’enseignement, de réflexion, de compétence, d’échange et de recherche. D’une part, elle dispose de véritables spécialistes du domaine religieux susceptibles de mener ce dialogue sur des bases saines. Et d’autre part, comme l’ont rappelé le pape François et ses prédécesseurs – en paroles et en actes – le dialogue interreligieux fait partie intégrante de la mission de l’Eglise catholique. Vu ses relations privilégiées avec l’Eglise catholique, l’Université de Fribourg saura contribuer à ces efforts de dialogue et de collaboration entre les différentes communautés religieuses qui composent notre société.

Laissons donc à l’Alma Mater réaliser sa contribution à la paix religieuse en Suisse et attendons de nos autorités politiques qu’elles agissent en prenant des initiatives en vue de favoriser la cohabitation des communautés religieuses et de protéger véritablement la société contre toute dérive extrémiste. Interdire les minarets et se battre contre le Centre «Islam et société» sont des mesures populistes mais inefficaces contre les vrais défis lancés par la présence des communautés musulmanes en Suisse.

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