Suisse: L'Eglise catholique a des services appréciés, mais une réputation endommagée

Saint-Gall, 12 mai 2015 (Apic) Les services offerts par l’Eglise catholique en Suisse sont appréciés, mais sa réputation a souffert des scandales liés aux abus sexuels. C’est ce qui ressort d’une enquête publiée le 12 mai 2015 par l’Institut de sociologie pastorale (SPI), basé à Saint-Gall. Le SPI, dans son étude sur la réputation des Eglises catholique romaine et protestantes dans le pays, recommande aux institutions de «communiquer dans un esprit d’ouverture, avec transparence et honnêteté».

Qu’en est-il de la réputation des Eglises catholique romaine et protestantes en Suisse? Quelles traces, quelles cicatrices ont laissé les scandales dans l’Eglise? Qu’est-ce qui contribue à une bonne image? Ces questions et d’autres encore ont été abordées au cours des deux dernières années dans le cadre d’un projet de recherche bien étayé, assure le SPI. Quelque 1’400 personnes, d’horizons professionnels divers, ont été interrogées, dont 360 futurs enseignants aux niveaux primaire et enfantine étudiant à la Haute école pédagogique de St-Gall, 90 étudiants en théologie de toutes les facultés de théologie catholiques et protestantes de Suisse alémanique et 949 membres de parlements cantonaux. Tous ont donné une appréciation chiffrée à l’enseignement religieux et des renseignements sur les sentiments et les attributs qu’ils associent à l’Eglise catholique ou aux Eglises protestantes.

Ombres et lumières

L’étude, au-delà de certains chantiers, met aussi des éléments positifs en lumière: les Eglises peuvent s’appuyer sur des collaboratrices et des collaborateurs motivés et compétents, les offres ecclésiales telles que baptêmes ou mariages sont appréciées et les personnes sondées saluent l’engagement social des Eglises. Tous ces éléments contribuent à la bonne réputation des institutions.

Dans le même temps, l’étude montre que la réputation de l’Eglise catholique a souffert au cours des années passées. Les raisons en sont la découverte des abus sexuels ainsi que les positions de l’Eglise en matière de morale sexuelle, d’égalité des sexes ou le maintien du célibat pour les prêtres. C’est là que la pièce maîtresse de toute réputation, l’attachement émotionnel à l’institution, risque de se briser, souligne le SPI. Ceci signifie que les gens perdent confiance en l’Eglise, qu’ils considèrent qu’elle manque de crédibilité ou qu’ils ressentent un mauvais sentiment lorsqu’ils pensent à l’institution. Les personnes engagées en politique apprécient l’Eglise protestante dans presque tous les domaines fondant la réputation, tels que le management, le leadership, la motivation des collaborateurs. Ils ont, dans l’ensemble, une meilleure opinion générale des Eglises protestantes que de l’Eglise catholique.

L’étude montre que la réputation des Eglises influence également l’opinion des personnes interrogées sur les relations entre Eglise et Etat, sur l’attrait d’un engagement en Eglise ainsi que sur l’éventualité d’une sortie d’Eglise: plus la réputation des Eglises est mauvaise aux yeux des sondés, plus ils souhaitent une séparation des sphères étatique et ecclésiale et moins ils se sentent attirés par la perspective d’un engagement bénévole ou professionnel en Eglise. Une mauvaise réputation augmente par ailleurs l’éventualité d’une sortie d’Eglise.

Communication et transparence

Communiquer dans un esprit d’ouverture, avec transparence et honnêteté «Etre Eglise», cela signifie aussi accepter d’entrer en dialogue avec la société et avec les hommes et les femmes qui la composent, affirme le SPI. Si les Eglises veulent rester des voix et des actrices importantes de cette société, elles doivent communiquer ouvertement, honnêtement et de manière transparente.

La «double morale» doit être évitée, comme il faut éviter toute tentative de cacher les problèmes ou les erreurs internes, assure l’institut basé à Saint-Gall. Par ailleurs, les Eglises sont encouragées à faire et refaire encore état de leurs contributions à la société.

Selon le SPI, les changements dans la société et dans les Eglises ne doivent être ni minimisés, ni enjolivés ou niés. Les Eglises doivent au contraire se confronter activement et courageusement aux changements et exploiter aussi bien que possible la «marge de manœuvre» dont elles disposent.

La réputation des Eglises se décide à l’aune de leurs actes, martèle l’institut. La confiance et la crédibilité doivent se gagner et les mesures suivantes peuvent y contribuer: une direction attentive, une gestion soigneuse des fonds confiés aux Eglises, des offres thématiquement riches, des collaboratrices et des collaborateurs motivés et un engagement social et religieux dans la durée. (apic/com/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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