Le Vatican méconnu: la Casina Pio IV

Rome, 19 mai 2015 (Apic) Au cœur des jardins du Vatican, la Casina Pio IV est une petite villa patricienne, trésor bien conservé du 16e siècle, entourée d’arbres et de pelouses. Construite à l’origine pour servir de résidence d’été au pape et de pavillon de chasse, elle abrite aujourd’hui plusieurs académies: l’Académie pontificale des sciences, l’Académie des sciences sociales et celle de Saint Thomas d’Aquin. Sous l’influence du pape François, ce lieu devient de plus en plus important, comme centre de réflexion, de rencontre et de travail.

Une première mention de la Casina est faite en 1558, sous le pontificat de Paul IV (1555-1559), qui voulait faire construire une résidence d’été nommée Casina del boschetto (maison du bosquet). Il mourut sans avoir vu plus que le rez-de-chaussée et ce fut Pie IV (1559-1565) qui reprit la construction de l’édifice en 1561. Il engagea de célèbres architectes de l’époque, Giovanni Sallustio Peruzzi et Pirro Ligorio pour construire la loggia, les galeries, la chapelle et couvrir le tout de mosaïques, de fresques et de stuc.

Le bâtiment est composé de deux corps qui se font face de part et d’autre d’une cours elliptique à deux portails ouverts. A l’Ouest, la façade du premier corps de la villa est décorée de riches sculptures en stuc auxquelles se joignent 50 sculptures de la Rome antique. A l’est se trouve la loggia ornée de nymphes et de fontaines. Les décors intérieurs de l’aile principale ont été réalisés par plusieurs artistes comme Federico Barocci, Federico Zuccari et Santi di Tito, et sont largement inspirés des thèmes abordés lors du Concile de Trente (1545-1563). La Casina se distingue entre autre par sa cour ovale, reliant les quatre parties de la villa, avec en son centre une fontaine ornée de deux chérubins chevauchant des dauphins, qui renvoient aux thèmes mythologiques décorant la loggia.

En 1936, par le motu proprio In multis solaciis, Pie XI (1922-1939) décida de la création de l’Académie pontificale des sciences, héritière de l’Académie des Lynx – la plus ancienne académie scientifique d’Europe -, fondée par le prince Cesi en 1603. Giuseppe Momo, l’architecte de confiance de Pie XI, est chargé d’agrandir l’édifice pour pouvoir y installer la nouvelle institution. Il réussit à inscrire harmonieusement le nouveau bâtiment dans le prolongement de la Casina et y ajouta un amphithéâtre.

Des académies prestigieuses

La première session de cette académie eut lieu en 1937, sous la présidence du cardinal Eugenio Pacelli, futur Pie XII (1939-1958). Depuis, c’est à cet endroit que se déroulent les sessions plénières, les journées d’études et les séminaires de l’Académie pontificale des sciences chargée, selon ses statuts, de «promouvoir le progrès des sciences mathématiques, physiques et naturelles, et l’étude des problèmes épistémologiques qui y sont liées». Elle étudie aussi la bioéthique. L’académie compte quelque 80 membres et, pour en faire partie, nul besoin d’adhérer à la foi et à l’Eglise catholique, le critère scientifique prime.

La villa héberge également l’Académie pontificale des sciences sociales depuis sa création en 1994 par Jean Paul II. Avec une trentaine de membres, elle est chargée d’études sur le travail et le développement, la démocratie, ainsi que la dimension sociale de la mondialisation. Un peu moins connue, l’Académie pontificale de Saint Thomas d’Aquin – fondée en 1879 par Léon XIII (1878-1903) – y a temporairement son quartier général. L’évêque argentin Mgr Marcelo Sánchez Sorondo est le chancelier des deux académies pontificales des sciences.

Le pape François donne aujourd’hui de plus en plus de place à la Casina Pio IV, dans le but d’en faire un centre intellectuel, emblème de l’alliance entre foi et raison et de donner une voix à l’Eglise sur les enjeux mondiaux actuels. En témoigne par exemple l’attachement de l’Académie pontificale des sciences aux enjeux écologiques, ou encore la renommée mondiale de l’Académie pontificale des sciences sociales devenue un think-tank politique particulièrement écouté.


Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.

Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.

Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.

Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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