Suisse: Réguler la spéculation sur les denrées alimentaires

Berne, 17 juin 2015 (Apic) La coalition d’ONG de développement suisses Alliance Sud demande à la Confédération d’en faire plus contre la spéculation sur les denrées alimentaires. Alliance Sud, qui inclut les œuvres d’entraide catholiques Action de Carême et Caritas Suisse, remarque des signaux contradictoire des autorités dans ce domaine.

Le Conseil des Etats a clairement rejeté l’initiative de la Jeunesse socialiste suisse «Stop à la spéculation sur les denrées alimentaires», rappelle Alliance Sud dans un communiqué du 17 juin 2015. Le Conseil fédéral et des experts officieux avaient affirmé lors de l’examen préalable qu’il n’y avait pas de problèmes avec la spéculation agricole, contrairement à ce que certains acteurs présents sur les marchés financiers eux-mêmes reconnaissent.

Le Conseil national a également décidé que des limites de position sur les dérivés de matières premières seront introduites dans la loi sur l’infrastructure des marchés financiers (LIMF). Cette innovation pourrait avoir le potentiel d’endiguer un jour le côté néfaste de la spéculation sur les denrées alimentaires, souligne Alliance Sud.

Lutter contre la volatilité des prix

La Communauté de travail pour les questions de politique de développement a publié au printemps 2014 une étude détaillée sur les effets de la spéculation sur les denrées alimentaires. Cette étude est parvenue à la conclusion que tout doit être fait pour minimiser les risques liés aux fluctuations extrêmes des prix des denrées alimentaires. La spéculation excessive sur les dérivés des denrées alimentaires conduit à une volatilité des prix qui peut avoir des conséquences très graves pour les populations des pays en développement.

Sur le plan international, la re-régulation de la spéculation est à l’ordre du jour. Cette discussion devrait également avoir lieu en Suisse, qui abrite le siège d’importantes sociétés actives dans le commerce des denrées agricoles de base, affirme Alliance Sud. «Dans les pays du Sud où l’ONG de développement SWISSAID est active, nous sommes régulièrement confrontés aux conséquences dramatiques engendrées par les fluctuations des prix des denrées alimentaires, qui plongent des familles entières dans la faim et la malnutrition», témoigne Caroline Morel, membre du comité de l’initiative et directrice de SWISSAID.

Nouveaux outils contre la spéculation

Le Conseil des Etats, dans la discussion relative à la Loi sur l’infrastructure des marchés financiers (LIMF), s’est engagé en faveur de l’introduction de limites de position sur les dérivés de matières premières. Le Conseil national a aujourd’hui fait preuve de compréhension et il a également approuvé la possibilité d’introduire de telles limites, assure Alliance Sud. Selon Mark Herkenrath, expert des questions financières pour la coalition d’ONG, cette innovation a du potentiel: «En principe, les limites de position peuvent endiguer le côté néfaste de la spéculation sur les denrées alimentaires. La grande question demeure cependant de savoir si le Conseil fédéral va utiliser cette possibilité de manière judicieuse. Nous lui demandons de fixer des limites suffisamment strictes pour qu’elles empêchent véritablement la spéculation sur les dérivés des denrées alimentaires».

Lors de la session d’automne, le Conseil national a la possibilité de prendre une décision sans oeillères sur l’initiative «Stop à la spéculation sur les denrées alimentaires», lance Alliance Sud. (apic/com/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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